La vie des sirènes, ceci n’est pas un prank

Les sirènes, mythe ou réalité, à vous de juger. La sirène, figure mythologique hybride, incarne une altérité radicale qui défie les normes établies et invite à une réévaluation de nos paradigmes culturels, sociaux et écologiques.

En tant que créature mi-femme, mi-oiseau ou mi-poisson selon les traditions, elle symbolise la transgression des frontières entre les catégories naturelles et culturelles, humaines et animales, terrestres et marines. Dans la mythologie grecque, les sirènes étaient perçues comme des êtres dangereux, attirant les marins par leur chant envoûtant pour les mener à leur perte. Dans son livre « L’art des sirènes dans un monde de requins », Clémentine Sebaux, y voit une allégorie ; La sirène chante, un bateau (symbolise la société) passe mais ne veut pas écouter, cela vous fait penser à quoi ? La société est bouchée ! Elle ne veut rien entendre.

Du Moyen Âge à la Renaissance, ces chimères prennent l’apparence de femmes à queue de poisson, fusionnant avec l’image des nymphes aquatiques des traditions nordiques. Les sirènes représentaient l’attrait de l’inconnu et la peur de l’altérité. Cependant, cette perception négative reflète une vision du monde rigide, où le hors norme est considéré comme menaçant. Les sirènes incarnent une relation complexe au vivant. Vivant dans les océans, elles font partie intégrante de la nature mais ont une force qui les dépasse ; Une invitation à embrasser la complexité et la diversité du vivant, nous incitant à remettre en question les dualismes traditionnels : nature/culture, masculin/féminin, humain/animal. En reconnaissant la richesse de l’hybridité et de la fluidité des identités, nous pouvons envisager un changement de paradigme vers une société plus inclusive et respectueuse des différences. Faire un pas de côté, à l’image de la sirène, c’est accepter de sortir des sentiers battus pour explorer de nouvelles façons de penser et d’être au monde, c’est reconnaître que la norme n’est qu’une construction sociétale et que la diversité est une force. En adoptant cette perspective, nous pouvons construire un avenir où chacun, quelle que soit sa singularité, a sa place et peut contribuer à la richesse collective. La sirène incarne à elle seule, la nécessité de repenser notre rapport au monde, notre relation à la nature.

Dans la littérature au cinéma ou encore dans l’art, la sirène est le symbole de liberté, de rébellion et de connexion profonde avec la nature. En tant qu’être liminaire, elle nous rappelle que les frontières entre l’humain et le non-humain sont poreuses et que notre survie dépend de notre capacité à coexister harmonieusement avec le reste du vivant. S’inspirer de son mode de vie, c’est reconnaître l’interdépendance de toutes les formes de vie et œuvrer pour un monde plus durable et équitable. Souvenez-vous du film Outrun, où l’héroïne, en pleine rédemption, se battait pour arrêter de boire, utilisant la selkie (femme phoque écossaise), comme figure de transformation et de résilience.

Et si croire aux chants des sirènes au sens littéral comme au figuré, serait le fameux « nouvel imaginaire » à tisser, à créer pour nous faire prendre la tangente et changer de monde. La métamorphose s’opère. Allez tous.tes dans le grand bain !

Lire L’art d’être une sirène… par Clémentine Sebaux 

Ecouter sur Spotify Le chant des sirènes d’Orelsan. 

 

Filez à l’essentiel, avec Écohédonisme, la lettre qui vous met au vert…

Mots : Ingrid Bauer

Partager :

©Photo. Kate Bellm
Retour en haut