Paul Cupido, au commencement était le « Mu »
Une rencontre en forme de Big Bang avec le photographe pour regarder d’un œil neuf l’espace et le temps.
Au fondement de mon travail dit Paul Cupido il y a le « Mu ». Mais comment définir ce fameux concept de « mu » ? Plusieurs hypothèses pour traduire ce mot japonais : « rien », « vide », « ne pas avoir », « sans », « non existence » voilà un « mu » finalement lourd de sens. Peut-être qu’un des secrets de l’intensité et de la force qui se dégagent des photos de Paul Cupido tient à l’absolue nécessité de tout ce qui rentre dans son cadre. En fond c’est encore et toujours la nature qui s’invite, en majesté partout chez elle afin de dicter le sens de la composition. C’est ensuite qu’il faudra montrer patte blanche pour faire partie du cadre. Une main qui va venir faire ondoyer l’eau, une silhouette découpée qui va souligner la blancheur aveuglante d’un paysage de neige. Nous ne sommes donc pas censés en troubler la candeur et les lignes mais peut-être seulement destinés par contraste à en révéler l’échelle et la magnificence.
On est dans l’estampe, dans l’épure, dans le reflet et les contrastes, dans une certaine intemporalité aussi. On a l’impression qu’à force de respect et de temps, la nature est venue doucement glisser à l’oreille du photographe quelques vérités essentielles invisibles aux autres. Petit il se souvient de vacances en bord de mer chez ses grands-parents et du phare qui surgissait dans sa chambre toutes les quatre secondes exactement pour « veiller sur lui ». Il y avait le phare et puis la lune dont les cycles régissaient les marées et redessinaient chaque jour le rivage. C’est sûrement cette sensation d’être un invité privilégié et protégé dans une nature à la fois graphique, sensuelle et toujours recommencée que Paul Cupido cherche à retrouver dans ses œuvres. Une œuvre qui sera vraiment totale lorsqu’elle rencontrera le regard du spectateur qui lui apportera ses propres souvenirs et émotions. Voici le rôle que le photographe nous confie : admirer la beauté. Celle qui parvient partout à éclater sans nous. Pour l’avenir l’optimisme l’emporte encore chez Paul Cupido même s’il lui arrive d’être inquiet. « Les hivers sont de plus en plus doux, les étés de plus en plus chauds et les averses plus turbulentes. Je me souviens encore des vrais hivers aux Pays-Bas, où je vis, et des journées à patiner sur la glace. Pourtant, j’essaie de vivre le moment présent, même si c’est plus facile à dire qu’à faire. »
Quand on demande à Paul Cupido de choisir une de ses photos qu’il aime particulièrement et de raconter son histoire, il sélectionne celle intitulée « embrace Chloé » où l’humain tient un rôle central. « On ne peut pas prévoir intentionnellement une telle photo mais on peut créer une situation qui permet à un accident chanceux – transcendant – comme celui-ci de se produire. » Le photographe renouvèle sa confiance aux hommes et croit en notre capacité absolue à nous réinventer, et à générer l’extraordinaire.
En ce début d’année il a trouvé la beauté et la paix dans cette île lointaine de Miyako Jima au Japon dans laquelle il tente d’harmoniser les battements de son cœur sur le rythme du monde. Un ouvrage devrait naître de cette expérience hors normes autant dire que nous serons au rendez-vous.
Artiste-photographe
Mots : Audrey Demarre
Photos : Ingrid Bauer
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Paul Cupido, au commencement était le « Mu »
Une rencontre en forme de Big Bang avec le photographe pour regarder d’un œil neuf l’espace et le temps.
Au fondement de mon travail dit Paul Cupido il y a le « Mu ». Mais comment définir ce fameux concept de « mu » ? Plusieurs hypothèses pour traduire ce mot japonais : « rien », « vide », « ne pas avoir », « sans », « non existence » voilà un « mu » finalement lourd de sens. Peut-être qu’un des secrets de l’intensité et de la force qui se dégagent des photos de Paul Cupido tient à l’absolue nécessité de tout ce qui rentre dans son cadre. En fond c’est encore et toujours la nature qui s’invite, en majesté partout chez elle afin de dicter le sens de la composition. C’est ensuite qu’il faudra montrer patte blanche pour faire partie du cadre. Une main qui va venir faire ondoyer l’eau, une silhouette découpée qui va souligner la blancheur aveuglante d’un paysage de neige. Nous ne sommes donc pas censés en troubler la candeur et les lignes mais peut-être seulement destinés par contraste à en révéler l’échelle et la magnificence.
On est dans l’estampe, dans l’épure, dans le reflet et les contrastes, dans une certaine intemporalité aussi. On a l’impression qu’à force de respect et de temps, la nature est venue doucement glisser à l’oreille du photographe quelques vérités essentielles invisibles aux autres. Petit il se souvient de vacances en bord de mer chez ses grands-parents et du phare qui surgissait dans sa chambre toutes les quatre secondes exactement pour « veiller sur lui ». Il y avait le phare et puis la lune dont les cycles régissaient les marées et redessinaient chaque jour le rivage. C’est sûrement cette sensation d’être un invité privilégié et protégé dans une nature à la fois graphique, sensuelle et toujours recommencée que Paul Cupido cherche à retrouver dans ses œuvres. Une œuvre qui sera vraiment totale lorsqu’elle rencontrera le regard du spectateur qui lui apportera ses propres souvenirs et émotions. Voici le rôle que le photographe nous confie : admirer la beauté. Celle qui parvient partout à éclater sans nous. Pour l’avenir l’optimisme l’emporte encore chez Paul Cupido même s’il lui arrive d’être inquiet. « Les hivers sont de plus en plus doux, les étés de plus en plus chauds et les averses plus turbulentes. Je me souviens encore des vrais hivers aux Pays-Bas, où je vis, et des journées à patiner sur la glace. Pourtant, j’essaie de vivre le moment présent, même si c’est plus facile à dire qu’à faire. »
Quand on demande à Paul Cupido de choisir une de ses photos qu’il aime particulièrement et de raconter son histoire, il sélectionne celle intitulée « embrace Chloé » où l’humain tient un rôle central. « On ne peut pas prévoir intentionnellement une telle photo mais on peut créer une situation qui permet à un accident chanceux – transcendant – comme celui-ci de se produire. » Le photographe renouvèle sa confiance aux hommes et croit en notre capacité absolue à nous réinventer, et à générer l’extraordinaire.
En ce début d’année il a trouvé la beauté et la paix dans cette île lointaine de Miyako Jima au Japon dans laquelle il tente d’harmoniser les battements de son cœur sur le rythme du monde. Un ouvrage devrait naître de cette expérience hors normes autant dire que nous serons au rendez-vous.
Mots: Audrey Demarre
Photos : Ingrid Bauer
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