Nicolas Henry, parce que l’image conte

Photographe, directeur artistique, plasticien… Nicolas Henry est un conteur des temps modernes. À travers ses voyages, il dessine des ponts entre l’art et le réel, à la recherche d’une émotion universelle.

Nicolas Henry passe son enfance en pleine nature dans une maison nichée au creux de la forêt de Rambouillet. De ce lieu en osmose avec le vivant, il garde un lien sacré qui le suivra dans tous ses projets. Diplômé des Beaux-arts, il démarre sa carrière en tant qu’éclairagiste au théâtre. Puis, vient sa rencontre avec Yann Arthus-Bertrand et le projet « 6 milliards d’autres » qui l’entrainera à parcourir le monde, découvrir 25 pays et interviewer sous forme de questionnaire de Proust un millier de personnes. Ce goût pour l’inconnu, cet étranger lointain et pourtant si proche, il en fait des tableaux à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire, une sorte de songe éveillé qui ne laisse pas indiffèrent. Ses expositions ont parcouru le monde pour raconter l’histoire d’une communauté et défendre des valeurs humaines essentielles telles que l’amour, la famille, la liberté et l’écologie… La singularité de son œuvre repose sur son rapport au modèle : il en fait un acteur à part entière qui fabrique de bout en bout la scène d’un théâtre de rue.  Ce spectacle improvisé aborde des thèmes dont débat toute la communauté concernée. Et quelle poésie de capturer l’instant fragile de cette installation éphémère pour qu’elle devienne éternelle ! Il nous parle de l’une de ses images, impressionnante et graphique, « Moussa et les livres de lois ». Il n’y a pas que l’esthétique qui frappe alors mais également l’âme de son protagoniste rencontré dans un centre commercial d’Istanbul.

« Tout le monde est intéressant sur la planète »

Son engagement est l’essence même de ses créations et selon lui on ne peut délier le social et l’environnemental. Son dernier projet, guidé par ses découvertes aux quatre coins du monde, a pour ligne directrice de célébrer toutes les croyances qui honorent l’esprit de la nature à l’image de son oiseau de feu, fabriqué en os de seiche et coquillages de Casamance. Il lui tient à cœur d’exprimer la force et la spiritualité de ces sujets en toute simplicité, grâce aux dons de la nature : brindilles, graines, fruits, écorces et champignons constituent notamment des vitraux végétaux exceptionnels. Un travail plus onirique qui nécessite moins d’écriture. Car écriture il y a quand il met en scène ! Ses carnets sont remplis d’odes à l’imaginaire, sous les traits d’un dessin, la description d’une idée, l’énumération des matériaux. Une ou deux journées sont nécessaires pour arriver à ce résultat magique sans oublier une étincelle providentielle avec son modèle. Cette démarche, il la voit avec une véritable transversalité. Ainsi, il porte l’art contemporain jusqu’aux campagnes de communication des associations écologiques ou solidaires comme Emmaüs.

Nicolas Henry a su garder un regard puissant, comme celui d’un enfant. C’est peut-être ça la recette pour garder cet œil pur et dépeindre les sujets brulants : on devrait tous laisser parler l’animal totem qui vit en nous…

Mots : Camille Lemay
Portrait: Alizée Bauer  Photos: Nicolas Henry

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