Simona Kossak, l’amour et les forêts

Simona Kossak, c’est l’histoire d’une femme qui a décidé de vivre au rythme de la forêt, à l’inverse de celui de notre monde, celui où on marche sur la tête, vit à un rythme frénétique et avec une peur lancinante de rater un train (invisible) en marche.

Biologiste, chercheuse, activiste, mais avant tout, une âme radicalement libre, Simona est née en 1943 dans une famille d’artistes polonais célèbres. À défaut de choisir une vie de salon ou de peintre, elle choisit une vie en forêt. Dans les années 70, elle s’installe dans une maison en bois au cœur de la forêt primaire de Białowieża, l’une des dernières forêts vierges d’Europe. Simona n’était pas seule dans sa cabane au fond des bois ; Avec elle, Lech Wilczek, photographe, naturaliste et compagnon de vie. Ensemble, ils forment un duo hors du temps. Un couple lié par l’amour du vivant, et le refus d’un monde trop bruyant. Ils y vivent pendant plus de 30 ans, sans eau courante et ni électricité.

Un jour, on lui confie un louveteau. Il a été rejeté, trouvé seul, trop jeune pour survivre. Elle l’élève, le nourrit au biberon, le réchauffe contre elle. Et puis, une nuit, le petit loup gémit. Il a froid. Il tremble. Alors Simona fait ce que peu de biologistes, même les plus dévoué·es, oseraient faire : elle le prend dans ses bras et le glisse sous sa couette. Pas en cage. Pas sur un coussin. Dans son lit. Le loup s’endort contre elle. Il devient un compagnon de sommeil régulier. Pendant des semaines, ils partagent ainsi leurs nuits. Drôle d’endroit pour faire dormir un loup… Un être humain et un futur prédateur, côte à côte, cœur contre cœur. Elle ne cherche pas à dominer, apprivoiser ou éduquer selon les règles imposées par la société. Puis le loup, devenu grand, a fini par repartir vers la forêt. Libre. Animée par un seul but : soigner, aimer, relâcher. Tout comme le corbeau Korasek, les lynx ou le hibou surnommé « Grenouille » recueillis et tant d’autres trouvant refuge auprès d’elle. Une frontière floue entre l’humain et l’animal, se dessine là où l’humilité radicale rime avec l’intelligence du vivant et la tendresse comme une manière de résister.

Plus qu’un être humain vivant une expérience hors norme, Simona était une voix puissante pour défendre le vivant. Elle parlait d’égalité entre les espèces, de respect, de partage. Elle parlait AVEC la forêt, pas DE la forêt. Décédée en 2007, la forêt de Białowieża porte encore ses pas et son cri aussi doux, que tenace, celui de cohabiter le monde autrement.

Dernière séance avec Simona Kossak

 

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Mots : Ingrid Bauer

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Simona et son corbeau Korasek. ©photo Lech Wilczek
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