Romain Pilliard, la main sur le cœur et le pied marin
À l’origine du fond de dotation pour l’économie circulaire, USE IT AGAIN, le navigateur très impliqué dans la protection de la planète, ne cesse de multiplier ses engagements.
Contrairement à son trimaran de 23 mètres, lourd et massif, Romain Pilliard est plutôt du genre ténu et pourtant, il dégage une force indéniable. Il faut dire qu’un mental d’acier est indispensable pour se lancer dans un tour du monde en bateau à l’envers, c’est-à-dire contre les vents et les courants dominants. Un challenge que le marin a abordé en duo, il y a un peu plus d’un an pour porter le message qu’il clame haut et fort : USE IT AGAIN (Réutilise-le). Un slogan pour promouvoir l’économie circulaire, la sobriété et accélérer cette tendance dans le milieu marin.
« La production d’un bateau est un drame, tous les matériaux sont issus de la pétrochimie »
Alors, en 2016, au lieu d’acheter neuf, Romain Pilliard se met en tête d’acquérir un trimaran ancien, ayant appartenu à Ellen MacArthur et laissé à l’abandon, pour le remettre à flot en minimisant « l’investissement en matériaux et son impact carbone, pour être le plus responsable possible ». Le navigateur est de ceux qui veulent montrer « qu’une autre voie est possible, plus respectueuse, plus soutenable ». Il le sait, sa monture est moins performante qu’un trimaran plus moderne mais rien ne l’empêche de faire des courses au large.
Rencontré dans un café du 7e arrondissement de Paris, quartier où il a grandi auprès d’un papa chirurgien, et d’une maman occupée avec quatre enfants, rien ne prédestinait, cet adepte de chanson française, à faire de sa passion un métier « la mer, la voile, c’était un truc de vacances ». Des vacances qu’ils passent en Bretagne Nord, là où il est désormais installé depuis plus de 20 ans. Après un cursus à l’ESSEC, il fait un stage chez Patagonia, « qui avait déjà cette vision du monde de demain », tout en continuant d’exercer sa passion pour la voile. En 2000, il se qualifie pour une course, et décide de monter avec Aurélie, sa femme, une entreprise familiale de marketing sportif.
« Le tour du monde à l’envers, pour remettre le monde à l’endroit »
Tout s’enchaine, Romain Pilliard, organise des évènements comme le tour de Belle-Île-en-Mer (la plus grande course à la voile en France) et se lance lui-même dans des courses avec son trimaran USE IT AGAIN, la Route du Rhum en 2018 où il arrive à la 4e place avec « la sensation d’avoir fait quelque chose de grand » et le tour du monde à l’envers dans des « conditions dantesques» (météo affreuse, mal de mer, problème technique et son coéquipier qui flanche…). Un record long et difficile que le skipper narre avec un sourire contagieux. Le navigateur ambassadeur de Respect Ocean est horrifié de constater qu’il a croisé plus de filets fantômes que de cétacés lors de ses 216 jours de traversées. Il a d’ailleurs travaillé avec un scientifique acousticien lors de son parcours en posant un micro sur son bateau pour enregistrer les sons des espèces rencontrées, les analyser et ainsi permettre de mieux les protéger contre la pollution sonore.
Romain Pilliard, commande une autre eau pétillante, avant de nous confier son inquiétude quant à l’avenir. Anxieux, il ne veut surtout pas « culpabiliser face à l’impunité des grands pollueurs ». Il sourit à nouveau lorsqu’il parle de l’engagement de son fils Titouan, 19 ans, avec qui il a lancé USE IT AGAIN FOR YOUTH pour sensibiliser les plus jeunes à sa cause.
Et en attendant, de relever le défi du tour du monde à l’envers en trimaran, mais en solitaire cette fois-ci, il s’accroche à l’espoir que « les gens se rendent compte que notre système actuel n’est pas durable… » et que les choses bougent. Des mots qui résonnent comme un cri de SOS que l’on aimerait bien nous aussi voir franchir le ponton.
Romain Pilliard, 47 ans, navigateur et fondateur de USE IT AGAIN
2016 – Achat d’un vieux trimaran remis à flot
2018 – Route du Rhum
2022 – Tour du monde à l’envers en duo et Route du Rhum
2024 – The Transat Lorient – New York et Transat en solitaire en Atlantique Nord
Mots : Jessica Bros
Photos : Julien Mignot
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Romain Pilliard, la main sur le cœur et le pied marin
À l’origine du fond de dotation pour l’économie circulaire, USE IT AGAIN, le navigateur très impliqué dans la protection de la planète, ne cesse de multiplier ses engagements.
Contrairement à son trimaran de 23 mètres, lourd et massif, Romain Pilliard est plutôt du genre ténu et pourtant, il dégage une force indéniable. Il faut dire qu’un mental d’acier est indispensable pour se lancer dans un tour du monde en bateau à l’envers, c’est-à-dire contre les vents et les courants dominants. Un challenge que le marin a abordé en duo, il y a un peu plus d’un an pour porter le message qu’il clame haut et fort : USE IT AGAIN (Réutilise-le). Un slogan pour promouvoir l’économie circulaire, la sobriété et accélérer cette tendance dans le milieu marin.
« La production d’un bateau est un drame, tous les matériaux sont issus de la pétrochimie »
Alors, en 2016, au lieu d’acheter neuf, Romain Pilliard se met en tête d’acquérir un trimaran ancien, ayant appartenu à Ellen MacArthur et laissé à l’abandon, pour le remettre à flot en minimisant « l’investissement en matériaux et son impact carbone, pour être le plus responsable possible ». Le navigateur est de ceux qui veulent montrer « qu’une autre voie est possible, plus respectueuse, plus soutenable ». Il le sait, sa monture est moins performante qu’un trimaran plus moderne mais rien ne l’empêche de faire des courses au large.
Rencontré dans un café du 7e arrondissement de Paris, quartier où il a grandi auprès d’un papa chirurgien, et d’une maman occupée avec quatre enfants, rien ne prédestinait, cet adepte de chanson française, à faire de sa passion un métier « la mer, la voile, c’était un truc de vacances ». Des vacances qu’ils passent en Bretagne Nord, là où il est désormais installé depuis plus de 20 ans. Après un cursus à l’ESSEC, il fait un stage chez Patagonia, « qui avait déjà cette vision du monde de demain », tout en continuant d’exercer sa passion pour la voile. En 2000, il se qualifie pour une course, et décide de monter avec Aurélie, sa femme, une entreprise familiale de marketing sportif.
« Le tour du monde à l’envers, pour remettre le monde à l’endroit »
Tout s’enchaine, Romain Pilliard, organise des évènements comme le tour de Belle-Île-en-Mer (la plus grande course à la voile en France) et se lance lui-même dans des courses avec son trimaran USE IT AGAIN, la Route du Rhum en 2018 où il arrive à la 4e place avec « la sensation d’avoir fait quelque chose de grand » et le tour du monde à l’envers dans des « conditions dantesques» (météo affreuse, mal de mer, problème technique et son coéquipier qui flanche…). Un record long et difficile que le skipper narre avec un sourire contagieux. Le navigateur ambassadeur de Respect Ocean est horrifié de constater qu’il a croisé plus de filets fantômes que de cétacés lors de ses 216 jours de traversées. Il a d’ailleurs travaillé avec un scientifique acousticien lors de son parcours en posant un micro sur son bateau pour enregistrer les sons des espèces rencontrées, les analyser et ainsi permettre de mieux les protéger contre la pollution sonore.
Romain Pilliard, commande une autre eau pétillante, avant de nous confier son inquiétude quant à l’avenir. Anxieux, il ne veut surtout pas « culpabiliser face à l’impunité des grands pollueurs ». Il sourit à nouveau lorsqu’il parle de l’engagement de son fils Titouan, 19 ans, avec qui il a lancé USE IT AGAIN FOR YOUTH pour sensibiliser les plus jeunes à sa cause.
Et en attendant, de relever le défi du tour du monde à l’envers en trimaran, mais en solitaire cette fois-ci, il s’accroche à l’espoir que « les gens se rendent compte que notre système actuel n’est pas durable… » et que les choses bougent. Des mots qui résonnent comme un cri de SOS que l’on aimerait bien nous aussi voir franchir le ponton.
Romain Pilliard, 47 ans, navigateur et fondateur de USE IT AGAIN
2016 – Achat d’un vieux trimaran remis à flot
2018 – Route du Rhum
2022 – Tour du monde à l’envers en duo et Route du Rhum
2024 – The Transat Lorient – New York et Transat en solitaire en Atlantique Nord
Mots : JESSICA BROS
Photos : JULIEN MIGNOT
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