La Villa Necchi Campiglio, gardienne de l’héritage culturel de Milan

Immortalisée dans le biopic House of Gucci, la villa est bien plus que le théâtre d’un décor de cinéma. Cet écrin de beauté et de verdure, se déclare comme porte-drapeau de la cause environnementale et de la préservation du patrimoine culturel milanais.

En plein cœur de Milan, derrière des murs qui préservent son mystère, se cache la Villa Necchi Campiglio. Construite entre 1932 et 1935 par l’architecte Piero Portaluppi, cette demeure d’avant-garde fut commandée par les sœurs Necchi Campiglio, représentantes d’une bourgeoisie passionnée d’art et de beauté. Dès ses origines, la villa fut pensée comme un lieu de modernité et d’élégance, mêlant le luxe discret à la pointe de la technologie de l’époque. Aujourd’hui, elle se dresse, un peu à l’écart de l’agitation urbaine révélant son charme à ceux qui passent ses portes. Cet endroit est bien plus qu’une simple demeure historique ; c’est un havre de paix où la nature et l’architecture coexistent en parfaite harmonie. C’est ici, au milieu de ce jardin éveillé par les premières fleurs du printemps, que nous avons eu le privilège de rencontrer Costanza Pratesi, responsable Paysages et Patrimoine chez FAI, le Fond pour l’Environnement Italien et responsable de l’exploitation et de la préservation de la Villa Necchi depuis 2008.

Côté jardin, le bruit de la ville a été remplacé par le murmure apaisant du clapotis de l’eau de la piscine. Au milieu des visiteurs, des chalands et des oiseaux printaniers, nous avons échangé sur l’importance de la beauté pour mieux captiver les visiteurs. Pour susciter un engagement, il est crucial de toucher à la fois les émotions et la raison de chaque individu. La Villa Necchi Campiglio, avec son intérieur élégant et son extérieur foisonnant, sert précisément de catalyseur pour une prise de conscience. Elle permet de montrer que l’engagement écologique n’est pas seulement une question de rationalité mais aussi de ressenti face à la beauté de notre environnement. « Il n’est pas nécessaire de recourir à des messages d’urgence ou de catastrophisme », me précise Costanza. « Parler de l’écologie au quotidien, dans un cadre aussi serein, permet de rendre la cause plus douce, plus proche de chacun. »

Notre conversation évoque ensuite l’interaction entre la préservation du patrimoine et l’écologie. Costanza souligne que la beauté intérieure et extérieure de la Villa Necchi Campiglio n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’un engagement profond envers la protection de ces lieux. « Préserver l’environnement, c’est aussi préserver notre patrimoine », affirme-t-elle. La mission de cette villa urbaine est de faire naître une conscience environnementale chez chacun en adaptant un discours face aux intérêts et goûts ? des visiteurs. On aussi du passé qui devient une référence pour un potentiel futur plus écologique et conscient. C’est aussi dans cette perspective que le jardin, avec la prédominance de l’eau, joue un rôle central, offrant une leçon vivante sur l’importance de l’équilibre entre l’urbain et le naturel. Le jardinier, avec sa passion, son dévouement et son savoir, joue un rôle clé dans cet éveil à l’écologie, illustrant par son travail quotidien l’impact de chaque geste pour la préservation de notre environnement. Il est ouvert à l’échange et à la discussion avec les visiteurs pour éveiller leur curiosité et leur conscience. « C’est difficile pour certains visiteurs de se focaliser sur le changement et le futur. Raconter le passé et la beauté permet d’engager le public plus facilement vers une conscience écologique. »

Enfin, toujours dans ce jardin luxuriant et chantant, nous avons abordé l’importance d’engager la communauté locale autour de ce patrimoine culturel. Dès le début de la visite, à l’intérieur comme à l’extérieur, le visiteur est accueilli par des volontaires bénévoles passionnés d’art qui donnent de leur temps libre pour offrir au public un discours, une histoire, une anecdote sur l’historique du lieu. Ils sont très investis et permettent aux visiteurs une immersion totale au cœur de cet oasis. De plus, « Il est essentiel d’instaurer une économie vertueuse », me confie aussi Costanza. Ainsi, la Villa Necchi Campiglio ne se contente pas d’être un lieu de mémoire et de beauté, elle s’inscrit aussi dans une démarche de soutien à l’économie locale. La vente de produits de créateurs et producteurs locaux dans la librairie de la villa en est un exemple concret. Cela permet non seulement de découvrir la richesse de la région mais aussi de participer activement à son développement économique et culturel. « Il ne faut pas avoir peur de parler de beauté, elle est intellectuelle et nécessaire. C’est impossible d’imaginer un monde sans beauté. » L’endroit incarne un modèle d’harmonie entre beauté, engagement écologique et dynamisme communautaire. Cette oasis en plein Milan prouve qu’il est nécessaire d’engager émotionnellement le public, dans cette démarche afin de concilier à la fois, la préservation de l’héritage culturel et les enjeux climatiques. En visitant ce lieu, on découvre non seulement un patrimoine architectural et naturel d’exception, mais on se trouve aussi au cœur d’un engagement quotidien. Le jardin, lieu de notre rencontre avec Costanza, devient une sorte de plateforme où poussent, fleurissent, les échanges, les idées, les pensées… « Il ne faut pas avoir peur de parler de beauté, elle est intellectuelle et nécessaire … C’est impossible d’imaginer un monde sans beauté. »

 

Villa Necchi Campiglio

Adresse:

Musée d’Art – Architecte : Piero Portaluppi
Via Mozart, 14 20122 Milan


Du Mercredi au Dimanche – De 10h00 à 18h00
fainecchi@fondoambiente.it

Mots : Clémentine Quarante-Gillet

Photos: Ingrid Bauer

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