Jérémy Gobet

Jérémy Gobé, l’art de penser le vivant

Rencontre avec l’artiste protéiforme et créateur de Corail Artefact, un projet hybride qui tisse des liens entre la science et la création, répondant aux enjeux de notre époque...

DU TISSU INDUSTRIEL…

Il décroche le téléphone, s’excuse d’un léger retard. Jérémy Gobé, artiste-plasticien engagé, natif du Nord-Pas-De-Calais a grandi en Lorraine:  « deux régions marquées » par la désindustrialisation. Des parents militaires dans l’armée de l’air, lui ont mis les pieds sur terre et son premier choix se porte sur des études d’architecture. Celui qui aime « intellectualiser son travail avec des principes philosophiques et humanistes » poursuit ses études aux Beaux-arts sur les conseils d’une camarade de classe. En parallèle, Jérémy Gobé travaille comme serveur dans un restaurant, il lui arrive d’entendre des brides de conversation « d’usines qui ferment, de plan social, de chômage… ». L’intéressé, se rend dans l’une d’elle- une usine de textile dans les Vosges- et écoute avec empathie ces employés «répudiés».  

Les histoires, les matières, les rencontres l’inspirent. Sa première œuvre, sera réalisée à partir d’étoffes données par ces ouvriers licenciés « un totem pour perpétuer la mémoire de ces hommes, de ces femmes et de leur savoir-faire ». 

Le corail produit plus de CO2 que la forêt amazonienne. Ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est nous ! 

…AU TISSU CORALLIEN

Quelques années plus tard, et quelques diplômes de plus en poche (Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nancy et de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris), celui qui aime chiner dans les brocantes, déniche chez Emmaüs, des coraux morts. Il se met en tête de leur « redonner vie à travers un projet artistique ».

Jérémy Gobé entame alors des recherches sur cet animal qui souffre du réchauffement climatique et peine à se régénérer « Le corail produit plus de CO2 que la forêt amazonienne. Ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est nous ! ».En 2017, invité au Festival international des textiles extraordinaires à Clermont-Ferrand, Jérémy Gobé découvre par hasard la dentelle au fuseau dont la forme lui rappelle le squelette du corail. Lui vient alors l’idée de fabriquer des exosquelettes en dentelle comme supports d’aides  à la régénération naturelle des récifs en danger.  

l’art a la force pour montrer l’exemple

Corail Artefact est né et inclue un fond de dotation pour poursuivre les recherches scientifiques. Un projet hybride mêlant art, science, industrie et éducation pour développer des solutions concrètes, préserver et régénérer les récifs coralliens. Il expérimente des prototypes, développe une dentelle biomimétique  « fasciné par l’innovation » et teste des sculptures en béton écologique.

Jérémy Gobé a confiance en l’avenir « il est primordial de mettre de côté les choses qui ne vont pas pour agir, être dans l’action ». Et pour se faire,  l’artiste-plasticien en est convaincu rien ne sert de dénoncer, de culpabiliser sans proposer de solution. Mêler l’innovation à la recherche scientifique mais aussi sensibiliser et éduquer serait selon lui, une solution vertueuse, « comment protéger quelque chose que l’on ne connait pas ? » L’artiste-plasticien développe et anime donc des ateliers en proposant à des écoliers d’être « les ambassadeurs du corail ». Et ça marche, les enfants se sentent investis et en parlent à leurs proches « une classe peut sensibiliser jusqu’à  150 personnes ». Le jeune homme, aux yeux bleus océan, privilégie les actions de sensibilisation dans les quartiers défavorisés « qui n’ont pas accès à des sorties  et de contenus éducatifs autre que les programmes scolaires ». Une solution à plusieurs problèmes.  Ainsi, tout le monde peut être  informé et agir « l’art à la force de montrer l’exemple ». conclut-il. 

Jérémy Gobé expose une  œuvre inédite avec un répertoire des espèces de coraux menacés d’extinction au Musée Gallifet à Aix en Provence  jusqu’au 2 octobre.

JÉRÉMY GOBÉ

36 ans. Artiste plasticien. 

Parcours : Les Beaux -Arts
Humeur : s’inspirer de la nature pour répondre aux problématiques contemporaines

@corailartefact

Mots : Jessica Bros
Photographies : Manuel Obadia et Thomas Granovsky

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