Ilustration Benjamin Flao

3 bonnes raisons de lire Peter Wohlleben

Depuis quelques années, Peter Wohlleben transforme en douce notre manière de regarder le monde du vivant. Forestier allemand au parcours discret, il s’est imposé comme l’un des auteurs les plus lus avec une série de livres qui feraient presque passer les arbres pour des créatures plus civilisées que nous. Pas de suspense exagéré, ni de climax artificiel : juste des faits, racontés avec minutie, une touche d’humour involontaire et une étrange capacité à faire frémir les feuilles sur la page. Voici trois bonnes raisons de le lire, Même si, en vérité, il n’en faudrait qu’une : parce que c’est bien.

  1. Il fait parler les arbres 

Pas au sens Walt Disney du terme. Ici, pas d’yeux, pas de bras feuillus. Juste des racines, des signaux électriques, des échanges chimiques entre congénères… Les arbres ralentissent leur croissance pour ne pas étouffer leurs voisins, nourrissent leurs aînés fatigués, prennent des décisions de groupe façon de parler.
Tout cela, Wohlleben le raconte sans trémolos. Avec une exactitude tranquille et une curiosité d’enfant. On lit, on hoche la tête, puis on lève les yeux : soudain, le platane devant chez soi a l’air occupé. Pensif, même.

2. Il pratique une écologie d’observation

Pas de manifeste. Juste un type qui a passé vingt ans en forêt et qui note ce qu’il voit : les sangliers régulent les tiques, les pics modifient la composition des sous-bois, les vers de terre influencent la croissance des érables. Dans Le Réseau secret de la nature (2019), on découvre un monde où chaque espèce aussi banale ou déplaisante soit-elle  a une fonction précise.
Dans La Vie secrète des animaux (2018), on apprend que les chevreuils ont des préférences affectives, que les corneilles se souviennent des visages, et que les vaches savent anticiper la pluie. Pas besoin d’en faire un drame. Juste une autre façon d’habiter la planète.

3.  Il rappelle que les arbres font mieux le boulot que nous

Avec Le Pouvoir des arbres (2025), Wohlleben revient à ses premières amours, mais avec une urgence contenue. Les arbres, dit-il, ne sont pas seulement sensibles et solidaires ils sont aussi les meilleurs alliés contre le dérèglement climatique. Ils rafraîchissent les villes, absorbent le carbone, régulent l’humidité, amortissent les excès. Mieux que n’importe quelle start-up verte.
Mais attention, pas les monocultures industrielles qu’on plante à la va-vite pour verdir un bilan. Les vraies forêts. Celles qui vieillissent ensemble. Celles qui n’ont pas besoin de nous sauf pour qu’on les laisse tranquilles. Le livre pourrait s’intituler Plaidoyer pour qu’on arrête d’intervenir. Et il serait tout aussi pertinent.

À lire dans la collection Proche (Les Arènes) :
 
La vie secrète des arbres ( 2017)
La Vie secrète des animaux (2018)
Le Réseau secret de la nature (2019)
Le pouvoir des arbres (2025)
 

Mots : Jessica Bros 

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Ilustration Benjamin Flao (éditions MultiMondes)
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