Charlotte Lemay, le modèle à suivre
La mannequin repérée par un agent il y a dix ans, raconte son amour pour l’art, sa bataille contre le plastique et évoque son association qui sensibilise les influenceurs à l’écologie.
Charlotte Lemay nous ouvre la porte de son appartement, s’excuse du « bordel » ici et là, éteint le chauffage, baisse la musique, cherche un vase pour un énième bouquet reçu pour son anniversaire, nous propose une eau de coco, on décline poliment. Quelques minutes plus tard, elle pose pour notre photographe, l’exercice est aisé, c’est son métier.
Sa jeunesse se passe sans accroc, collégienne-lycéenne dans une école « bon chic, bon genre » à Neuilly, la jeune femme grandit à Clichy avec ses parents et sa sœur. L’été du bac, on lui propose d’intégrer une agence de mannequins. Elle accepte comme un job d’été, « Un été qui dure depuis dix ans ! » ça la fait rire, son rire est communicatif. Entre les castings et les shootings, son admiration pour la peinture et Vincent Van Gogh, la poussent à étudier le droit et l’histoire de l’art à la Sorbonne pour être commissaire-priseur « Plus mes études avançaient et plus je me disais que j’aimais trop l’art pour le vendre. » L’étudiante poursuit quand même son cursus et écrit son mémoire sur des artistes engagés, dont Olafur Eliasson. L’écologie, l’art et le social sont des sujets qui l’animent. Confidence pour confidence, elle aimerait beaucoup travailler avec une association comme celle de Gérard Garouste « qui fait des ventes aux enchères dont les bénéfices reviennent à des enfants en situation de fragilité ».
« Parfois, j’ai l’impression d’être en dissonance avec mon métier et mes convictions »
Son métier de mannequin, elle le trouve attrayant, mais épineux « Je suis féministe, et quand tu es derrière un objectif tu n’es plus qu’un objet, tu n’as pas ton mot à dire. ». La jeune femme qui montre un profond engagement pour un mode de vie responsable, rechigne à prendre l’avion pour un shooting ou un évènement « Parfois, j’ai l’impression d’être en dissonance avec mon métier et mes convictions. » Aujourd’hui, elle assume et impose de se rendre sur les prises de vues en train autant que possible « Ça embête tout le monde mais les gens commencent à comprendre et finalement, ils trouvent ça bien. »
Il y a deux ans, le modèle se lance dans l’influence et devient une ambassadrice verte. Charlotte Lemay partage avec ses 133 000 abonnés des produits et des marques de mode écoresponsables, mène un combat contre la Fast Fashion et refuse de travailler avec des enseignes qui la pratiquent. Elle continue d’accepter des contrats avec de grands groupes mais « seulement ceux qui font des efforts ». Son visage s’illumine au moment de parler de son association Aware Collective, créée l’année dernière, pour sensibiliser les influenceurs à un mode de de vie plus réfléchi « La société capitaliste nous pousse à consommer, donc il faut rendre l’engagement désirable. »
« Le seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas être dans l’anxiété c’est l’action »
Et des engagements, elle n’en manque pas. Depuis 2017, c’est l’une des porte-paroles de No More Plastic, un collectif qui lutte contre la pollution plastique « on trouve toujours des excuses pour en mettre partout, comme au moment du covid, des prétextes pour repousser des lois qui interdiraient le plastique à usage unique, c’est écœurant. » Elle se dit écoanxieuse, submergée par toutes ces informations catastrophiques, « Le seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas être dans l’anxiété c’est l’action, c’est le moment où je me dis ouf ! J’ai un impact positif. » Quel acte la rend la plus fière ? Mobiliser plusieurs personnes au ramassage des déchets, depuis le désert marocain, jusqu’aux plages marseillaises « Faire les choses ensemble de manière positive, sans donner de leçons, ni être dans la culpabilisation. » Une sorte de médiation active pour Charlotte Lemay, et une jolie façon de rester connecter à la terre ferme.
Mots : Jessica Bros
Photographies : Alizée Bauer
- Publié le : 23 mars 2023
- Tags : art, artiste engagé, nature
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