Les « SILWET » de Lenny Guerrier
Le créateur redéfinit les normes de la mode contemporaine avec son label avant-gardiste, Silwet, où le vêtement devient synonyme d'intemporalité et de non-genré.
À Paris, dans le IIIe arrondissement, nous franchissons la porte de la boutique intimiste baptisé « small ». Au son envoûtant d’un standard d’Herbie Hancock, Lenny Guerrier, la tête créative derrière SILWET, nous accueille avec décontraction, il retire sa casquette avant de nous gratifier d’une bise. « Je préfère qu’on parle de label plutôt que de marque, cela évite de se restreindre à une seule définition. », souligne-t-il, un large sourire aux lèvres. Le ton est donné.
Le hasard des coïncidences. Cet amateur de Hip-hop, né dans les années 1980 en Guyane d’une maman haïtienne, grandit en banlieue parisienne, avant de s’installer définitivement dans le quartier du marais à Paris. Après une formation en marketing et communication, il devient au hasard d’une rencontre l’assistant d’un archiviste de mode. C’est à ce moment-là, qu’il découvre les pièces vintage de grands couturiers tels que Martin Margiela, une figure qui continue de l’inspirer « Nous sommes tous ses enfants illégitimes. C’est lui qui a initié la création de vêtements à partir d’éléments préexistants. », confie-t-il.
Cette première expérience dans le milieu de la mode l’amène à devenir consultant pour différentes marques (Leather Crown, Mirko Buffini…). Qu’à cela ne tienne, en 2006, il ouvre son premier concept store Nogoodstore, un espace novateur mêlant des marques de jeunes créateurs scandinaves à des pièces d’archives de grands couturiers. Cinq ans plus tard, il réitère ce pari réussi en inaugurant un deuxième établissement : Coïncidence et co-crée la marque Nïuku, vendue dans une centaine de boutiques.
À croire que le hasard n’en est pas un, en 2015, alors que l’entrepreneur recherche un lieu pour l’une des marques qu’il représente, il découvre un endroit underground au sous-sol d’un parking de la plus célèbre rue du Monopoly : la rue de la Paix. De cet endroit naît l’idée audacieuse de créer un espace hybride transcendant les frontières entre la mode, l’art contemporain, la photographie, la musique et le design, qu’il baptisera LAPAIX. Un laboratoire pluridisciplinaire où il orchestre et produit des concerts, des défilés, des performances et des expositions, jusqu’en 2019, année où il lance son label SILWET.
Conscient, intemporel, non genré. « Silwet, » transcription créole de « silhouette » est un hommage à sa double culture. Axée sur la création de vêtements permanents plutôt que de collections éphémères : « Pourquoi sortir une nouvelle collection tous les six mois ? » interroge Lenny, soulignant le rythme effréné de l’industrie de la mode et son impact écologique. SILWET, est l’antithèse de cette tendance et propose de construire une garde-robe intemporelle inspirée du vestiaire masculin. Pour Lenny, le vêtement transcende les catégories. Sur le site de vente, pas de distinction entre hommes et femmes, juste une fusion de styles « nos vêtements n’ont pas de genre » et pas de taille non plus « ils s’adaptent à toi, pas l’inverse. Il y a tellement de façon de faire vivre un vêtement », nous dit-il. Chaque silhouette a son style : streetwear, denim, militaire… L’objectif à long terme ?« Développer une douzaine de silhouettes par an pour créer un vestiaire moderne diversifié et inclusif. SILWET incarne une pensée communautaire, créative et culturelle », continue son associé Nathalie Noulhiane.
La production, basée à Paris, en Italie et au Portugal, s’adapte en fonction de la demande, minimisant ainsi l’impact environnemental. Lenny insiste sur la nécessité de minimiser les déchets optant pour des matériaux recyclés et des Dead Stocks soigneusement sélectionnés.
SILWET ne se contente pas d’être un simple label, il incarne une vision durable, et s’engage à « déconstruire » notre relation à la mode pour encourager l’expression individuelle. Créer des pièces indémodables n’est pas seulement « une question de style, mais une réponse consciente à la surconsommation de vêtements » conclut-il.
LENNY GUERRIER
Créateur du label de mode SILWET, en résidence chez Small : 19 rue Notre-Dame-de-Nazareth, Paris IIIe
Mots : Jessica Bros
Photos: Alizée Bauer
- Publié le : 24 janvier 2024
- Tags : intemporel, label, mode, responsable, Silwet, unisexe, vêtement
Partager :
Les « SILWET » de Lenny Guerrier
Le créateur iconoclaste redéfinit les codes de la mode contemporaine où le vêtement rime avec non genré et intemporalité.
À Paris, dans le IIIe arrondissement, nous franchissons la porte d’une boutique intimiste baptisée « small ». Au son envoûtant d’un standard d’Herbie Hancock, Lenny Guerrier, la tête créative derrière SILWET, nous accueille avec décontraction, il retire sa casquette avant de nous gratifier d’une bise. « Je préfère qu’on parle de label plutôt que de marque, cela évite de se restreindre à une seule définition. », souligne-t-il, un large sourire aux lèvres. Le ton est donné.
Le hasard des coïncidences. Cet amateur de Hip-hop, né dans les années 1980 en Guyane d’une maman haïtienne, grandit en banlieue parisienne, avant de s’installer définitivement dans le quartier du marais à Paris. Après une formation en marketing et communication, il devient au hasard d’une rencontre l’assistant d’un archiviste de mode. C’est à ce moment-là, qu’il découvre les pièces vintage de grands couturiers tels que Martin Margiela, une figure qui continue de l’inspirer « Nous sommes tous ses enfants illégitimes. C’est lui qui a initié la création de vêtements à partir d’éléments préexistants. », confie-t-il.
Cette première expérience dans le milieu de la mode l’amène à devenir consultant pour différentes marques (Leather Crown, Mirko Buffini…). Qu’à cela ne tienne, en 2006, il ouvre son premier concept store Nogoodstore, un espace novateur mêlant des marques de jeunes créateurs scandinaves à des pièces d’archives de grands couturiers. Cinq ans plus tard, il réitère ce pari réussi en inaugurant un deuxième établissement : Coïncidence et co-crée la marque Nïuku, vendue dans une centaine de boutiques.
À croire que le hasard n’en est pas un, en 2015, alors que l’entrepreneur recherche un lieu pour l’une des marques qu’il représente, il découvre un endroit underground au sous-sol d’un parking de la plus célèbre rue du Monopoly : la rue de la Paix. De cet endroit naît l’idée audacieuse de créer un espace hybride transcendant les frontières entre la mode, l’art contemporain, la photographie, la musique et le design, qu’il baptisera LAPAIX. Un laboratoire pluridisciplinaire où il orchestre et produit des concerts, des défilés, des performances et des expositions, jusqu’en 2019, année où il lance son label SILWET.
Conscient, intemporel, non genré. « Silwet, » transcription créole de « silhouette » est un hommage à sa double culture. Axée sur la création de vêtements permanents plutôt que de collections éphémères : « Pourquoi sortir une nouvelle collection tous les six mois ? » interroge Lenny, soulignant le rythme effréné de l’industrie de la mode et son impact écologique. SILWET, est l’antithèse de cette tendance et propose de construire une garde-robe intemporelle inspirée du vestiaire masculin. Pour Lenny, le vêtement transcende les catégories. Sur le site de vente, pas de distinction entre hommes et femmes, juste une fusion de styles « nos vêtements n’ont pas de genre » et pas de taille non plus « ils s’adaptent à toi, pas l’inverse. Il y a tellement de façon de faire vivre un vêtement », nous dit-il. Chaque silhouette a son style : streetwear, denim, militaire… L’objectif à long terme ?« Développer une douzaine de silhouettes par an pour créer un vestiaire moderne diversifié et inclusif. SILWET incarne une pensée communautaire, créative et culturelle », continue son associé Nathalie Noulhiane.
La production, basée à Paris, en Italie et au Portugal, s’adapte en fonction de la demande, minimisant ainsi l’impact environnemental. Lenny insiste sur la nécessité de minimiser les déchets optant pour des matériaux recyclés et des Dead Stocks soigneusement sélectionnés.
SILWET ne se contente pas d’être un simple label, il incarne une vision durable, et s’engage à « déconstruire » notre relation à la mode pour encourager l’expression individuelle. Créer des pièces indémodables n’est pas seulement « une question de style, mais une réponse consciente à la surconsommation de vêtements » conclut-il.
LENNY GUERRIER
Créateur du label de mode Silwet, en résidence chez Small : 19 rue Notre-Dame-de-Nazareth, Paris IIIe
Mots: Jessica Bros
Photos: Alizée Bauer
- Publié le : 24 janvier 2024
- Tags : intemporel, label, mode, responsable, Silwet, unisexe, vêtement
Partager :