SAVOIR FAIRE

Lucien Dumas, l’archi-ébéniste

L’architecte-ébéniste signe dans ses créations une allégorie des éléments.

Une architecture du social et du durable intégrant les savoir-faire ancestraux et traditionnels

Le cœur en Inde, un pied à Paris, Lucien Dumas, architecte-ébéniste, a créé la structure Matang. Un studio à mi-chemin entre l’architecture et la création de mobilier ; L’alliance parfaite entre des matériaux bruts, locaux et un tracé résolument contemporain. Le jeune éco-architecte de 28 ans, nous relate que lors de son expérience à Case Design Mumbai en 2019, il découvre “une autre manière de construire, qui se fonde sur les principes des circuits courts et du low tech“. Le rêve indien. “Une architecture du social et du durable, intégrant les savoir-faire ancestraux et traditionnels“.

Ses figures d’inspiration, le designer finlandais Alvaar Alto, l’architecte brésilienne Lina Bo Bardi ou encore le sri lankais Geoffrey Bawa très lié à la nature, nous fait prendre conscience, selon Lucien, de “l’effacement des limites entre intérieur et extérieur au sein des espace“. En résidence d’artistes, dans les anciens ateliers de Christofle à Saint Denis, Lucien a installé en 2020, son établis, ses outils, mis à plat ses croquis et développe des objets exprimant un rapport singulier avec le mot nature, avec les matières sensibles comme la pierre, le bois, la terre.

L’essence d’un territoire spécifique et témoignent de la relation des hommes à leur environnement”

MATANG vient du nom “mattangs“. Les mattangs sont des cartes nautiques datant de plus de 3000 ans et réalisées par les Micronésiens. Destinées à s’orienter dans un environnement où les seuls points fixes étaient des atolls perdus au milieu de l’océan, ils symbolisaient les éléments invisibles comme le vent, les vagues ou les courants par des bâtonnets de feuille de palme sur uen grille et les atolls, par des coquillages. Les objets MATANG se déchiffrent un peu comme ces cartes nautiques ; Ils incarnent “l’essence d’un territoire spécifique et témoignent de la relation des hommes à leur environnement“.

La collection Rangeela, un héritage colonial et artisanal

Avec la collection Rangeela, réalisée en collaboration avec Natasha Sumant une créatrice indienne, Lucien et Natasha incluent un savoir-faire à la française et connaissance des plantes tinctoriales indienne, grâce à Natasha.

S’inspirant du design colonial, des richesses d’un héritage patrimonial et artisanal avec le commerce des teintures, Ils signent tout deux une collection de meubles modernistes, reprenant les codes du design colonial et celui de l’héritage du commerce des Indes, avec les teintures, en les appliquant à une création contemporaine réfléchie et responsable. Une collection haute en couleurs qui vous téléporte en Inde, sans bouger de Saint Denis. On y découvre une finition en bois brulé, l’utilisation de la terre crue pour les poêles de masse ou encore l’indigo, la garance pour teindre les bois ou les fils tressées. Une belle allégorie des éléments invisibles de la nature.

Le mot de la fin… L’HUMeur de demain ?

Pouvoir transmettre et expérimenter des techniques ancestrales avec le regard du XXIème siècle.

ACTU MILAN DESIGN WEEK 2024

Dans un jardin secret, dirigez-vous les yeux fermés, à la Villa Mozart, où vous découvrirez leur tout dernier meuble, une figure imposée, en partenariat avec l’artisan-souffleur Stefano Villa. Cela donne un meuble-remède, où le bois dialogue avec le verre soufflé, une allégorie aux matières sensibles de la terre. Une oeuvre présentée dans le cadre de l’exposition Doppia Firma, une exposition de designer et d’artisans milanais, organisé par la Fondazione Cologni et Michelangelo Foundation.

LUCIEN DUMAS

28 ans. Architecte & Ébéniste. Atelier Matang. Atelier collaboratif autour de l’architecture et du mobilier.
École Nationale supérieure de l’architecture de Versailles & École Boulle. Parcours : Herzog & de Meuron (Suisse), Data Architectes (Paris), Case Design (Mumbai), etc…

Materra-Matang

Mots : Ingrid Bauer
Photographies : Alizée Bauer – Jeanne Perotte (4&5) – Architecte Tomasini (6)