Le vent se lève à la bodéga Cohombrillo
Lanzarote. Le vent souffle 364 jours sur 365, les paysages lunaires de couleur noire s’enchevêtrent avec le bleu de l’océan, des corolles de pierres sèches entourent les pieds de vignes piégés dans des chabocos, les arbres quasiment absents ponctuent ce décor unique au monde. Bienvenue dans la vallée de la Geria, abritant plus de deux cents volcans. Rencontre sulfureuse avec le couple de vignerons, Eamonn Lopez et Laura Fabregas.
Lui c’est Eamonn, ex-skipper et pilote de sous-marin, elle c’est Laura, sa femme, ex-responsable du SAV dans une marina de luxe. Encantadas, lui adressons nous, lors de notre rencontre dans leur bodéga à Lanzarote. Entendez par bodega, un chai où on récolte et vinifie le vin. Rien à voir avec un bistrot où on s’enivre et danse jusqu’au bout de la nuit.
Tous deux étaient dans le creux de la vague, puis le COVID les a poussés dans leurs retranchements, prêts à faire le grand saut dans le vide ! Complices dans leur envie de changer sans se brûler les ailes et élevé les pieds dans la vigne (pour Eamonn) ces deux amoureux du vin ont repris le domaine familial en main et l’ont transformé en domaine viticole organique. Que des vins natures…
Pari réussi quand on sait qu’ici à Lanzarote les cépages se nourrissent sans eau. La pluviométrie est en moyenne de 150 mm par an, comparée à celle de la Bourgogne, qui affichait 1 500 mm en 2022. Le rofe ou les cendres volcaniques jouent ici un rôle essentiel. Retenant l’humidité du sol et de l’océan durant la nuit, le picon, riche en minéraux, fait grimper l’indice glycémique des raisins et par conséquent de leur teneur en alcool. Des raisins de la colère (car élevés en terre de feu) à la joie. « La joie de récolter même en faibles quantités. » Ces vins vivants et volcaniques sont cultivés à la mano. La main de l’homme dans la terre désertique à la recherche de l’or rouge, dissimulé dans des trous creusés par la lave. Une variété unique au monde, comme la Malvoisie volcanique, qu’on a adoptée depuis le Moyen Âge et qui comme Ulysse a fait un beau voyage, car originaire de la Grèce…
Retour vers le futur… Nous sommes en 1730 et à l’issue de l’éruption du volcan Timanfaya, de vastes étendues de terres fertiles ont été recouvertes de lave et de sable volcanique, entraînant la ruine des familles paysannes et la nécessité de revenir à la case départ, sans passer par la prison. Ces derniers ont fait une découverte incroyable qui allait changer leur destinée et celle de l’île. Les cendres capturent l’humidité du sol et augmentent sa fertilité. Ils creusent ainsi des mini-cratères de 3 mètres de profondeur, les fameux chabocos, où ils tentent de replanter des céréales. Sans succès, ils se tournent vers le vin, la Geria devient une terre d’excellence pour le vin.
Retour vers le futur… Nous sommes en 1730 et à l’issue de l’éruption du volcan Timanfaya, de vastes étendues de terres fertiles ont été recouvertes de lave et de sable volcanique, entraînant la ruine des familles paysannes et la nécessité de revenir à la case départ, sans passer par la prison. Ces derniers ont fait une découverte incroyable qui allait changer leur destinée et celle de l’île. Les cendres capturent l’humidité du sol et augmentent sa fertilité. Ils creusent ainsi des mini-cratères de 3 mètres de profondeur, les fameux chabocos, où ils tentent de replanter des céréales. Sans succès, ils se tournent vers le vin, la Geria devient une terre d’excellence pour le vin.
Après un long tour en compagnie de Eamonn, tandis que le vent souffle dans les branches des quelques oliviers qui pour se défendre d’Éole, poussent à l’horizontale, nous lui croquons le portrait, les cheveux en bataille au milieu des vignes et regagnons le chai, pour une séance de dégustation. Un groupe de touristes caquète tout en dégustant leur vin, troubles-fêtes de la sérénité qui se dégage chez nos hôtes. La joie aussi s’exprime quand Laura me confie qu’elle était au bord du burn-out et qu’à 46 ans et 3 enfants, elle avait envie de donner un nouveau sens à sa vie. « Faire des choses plus en lien avec ses désirs, comme prendre soin de la terre qui nous nourrit. » Chassez le naturel et l’ivresse revient au galop.
Cam. las Quemadas, 26, 35560 Tinajo, Las Palmas, Espagne
Mots & Photographies :
Ingrid Bauer
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