Florencia Grisanti et Tito Ritual, inhabitual et les forêts géométriques
Avec le collectif d’artistes Ritual Inhabitual, la photographie sublime le geste documentaire et devient un mouvement de lutte et de défense des peuples autochtones pour la biodiversité. Les rencontres d’Arles retracent à travers cette exposition la lutte en territoire Mapuche, où le spirituel affronte le libéralisme et autres affres de notre société.
Le Chili est le 4ème pays exportateur de pâte à papier au monde
Avec le soutien du Ministère des Cultures des Arts et Patrimoine du Chili, le collectif Ritual Inhabitual, composé de scientifiques, écologistes et artistes partent en 2015 à la rencontre du “Peuple de la Terre “, les Mapuches. Ces derniers tentent de survivre dans leurs forêts primaires, qui peu à peu s’effacent au détriment de forêts de pins ou d’eucalyptus, plus rentables et performantes pour l’économie du pays. « Le Chili est le 4ème pays exportateur de pâte à papier au monde » rappelle Florencia Grisanti, une des artistes protagonistes de Ritual Inhabitual. Face à cette tripartite souvent incompatible, écologie, politique et économie, le lien de dévotion qu’entretiennent les Mapuches avec la forêt, est plus que menacé. Ce projet à la fois ethnobotanique et artistique, a duré 5 ans.
Cinq années où Florencia Grisanti, l’artiste-taxidermiste chilienne et son comparse le photographe Tito Gonzales Garcia, ont rencontré des activistes, des artistes, des bonne sœurs, des évangélistes, et même des rappeurs, issue de la communauté des terres humides de l’Araucanie. Ils ont souhaité conter la lutte en territoire Mapuche à travers le média de la photographie. Immergés dans les communautés de Lafkenche du lac Budi et du lac Lanalhue, les artistes installent un laboratoire photo dans le coffre de leur voiture. Utilisant le collodion humide, un procédé photographique vieux comme le 19ème siècle dernier, qui consiste à imprimer sur du verre des négatifs couleur ou noir et blanc.
Sur un même territoire deux façons de regarder le monde se retrouvent. L’une d’un point de vue économique avec la production en masse. L’autre avec les Mapuches et leur lien étroit au rituel
Une partie de ce travail avait été déjà montrée au Musée de l’homme à Paris en 2017, curatée par le truculent commissaire d’exposition, lui aussi chilien Sergio Valenzuela Escobedo ; Ce dernier souligne que « la prise de parole est multiple » et décrypte une première lecture de ce travail à la fois scientifique et artistique : « dans cette relation, nous avons voulu raconter comment sur un même territoire deux façons de regarder le monde se retrouvent ; L’une d’un point de vue économique avec la production en masse. L’autre avec les Mapuches et leur un lien étroit au rituel.» L’ancien docteur en photographie nous explique aussi que ce documentaire d’un nouveau genre, a permis de mettre tout le monde “à table” pour “une conversation“ avec chacun des protagonistes sur “le vivre ensemble“ et tenter de réparer l’irréparable.
Les scientifiques ont été au service de la colonialisation
Le nom Les forêts géométriques est un jeu de mots des auteurs, renforçant le triste constat de l’éloignement des forêts de leurs communautés et de l’extinction de la biosphère due à la sécheresse causée par la déforestation, ainsi que le trafic des ressources énergétiques. Pour illustrer ces forêts géométriques, Ritual Inhabitual a voulu placer les plantes à l’épicentre de la conversation, tout comme le destin des Mapuches, se retrouvant témoins de la destruction de leur territoire ancestral et spirituel; Au début de l’aventure , se souvient Florencia «nous avons rencontré des chamanes qui se désolaient de la disparition des plantes médicinales utilisées pour soigner les maladies psychiques et physiques de la communauté ». Plus grave encore, les Mapuches subissent de la discrimination de la part de l’armée du sud du Chili. Le photographe Tito Gonzales Garcia prend la parole et ces mots révèlent que « les scientifiques ont souvent été au service de la colonialisation » en prenant possession de leur territoire sous couvert des recherches pour la Science.
Au gré de cette enquête photographique aux outils multiples (scan , collodion, tirages, journaux, etc..) et conversation à triple langage, nous pénétrons dans l’ancienne sacro sainte Chapelle du Méjean à Arles. Sur les pas des Mapuches et au cœur de leur territoire de lutte, nous marchons dans une forêt séculaire et primaire de plus de 3 millions d’hectares. On y égrène des herbiers numériques, des photos grandeur Nature des maîtres du temps, les arbres, des herbiers numériques, des portraits de la communauté où la poussière et la pluie venues s’inviter dans les tirages sous verre, prouve bien que l’Homme est l’invité de la Nature et non l’inverse.
Ritual Inhabitual
Lutte en territoire Mapuche
Chapelle Saint Martin du Méjean. Arles
Jusqu’au 25 septembre
Découvrir les autres travaux du collectif : ritualinhabitual
Mots: @Lesvoyagesdingrid
Photos @alyséebauerpro
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Florencia Grisanti et Tito Ritual, inhabitual et les forêts géométriques
Avec le collectif d’artistes Ritual Inhabitual, la photographie sublime le geste documentaire et devient un mouvement de lutte et de défense des peuples autochtones pour la biodiversité. Les rencontres d’Arles retracent à travers cette exposition la lutte en territoire Mapuche, où le spirituel affronte le libéralisme et autres affres de notre société.
“Le Chili est le 4ème pays exportateur de pâte à papier au monde”
Avec le soutien du Ministère des Cultures des Arts et Patrimoine du Chili, le collectif Ritual Inhabitual, composé de scientifiques, écologistes et artistes partent en 2015 à la rencontre du “Peuple de la Terre “, les Mapuches. Ces derniers tentent de survivre dans leurs forêts primaires, qui peu à peu s’effacent au détriment de forêts de pins ou d’eucalyptus, plus rentables et performantes pour l’économie du pays. « Le Chili est le 4ème pays exportateur de pâte à papier au monde » rappelle Florencia Grisanti, une des artistes protagonistes de Ritual Inhabitual. Face à cette tripartite souvent incompatible, écologie, politique et économie, le lien de dévotion qu’entretiennent les Mapuches avec la forêt, est plus que menacé. Ce projet à la fois ethnobotanique et artistique, a duré 5 ans.
Cinq années où Florencia Grisanti, l’artiste-taxidermiste chilienne et son comparse le photographe Tito Gonzales Garcia, ont rencontré des activistes, des artistes, des bonne sœurs, des évangélistes, et même des rappeurs, issue de la communauté des terres humides de l’Araucanie. Ils ont souhaité conter la lutte en territoire Mapuche à travers le média de la photographie. Immergés dans les communautés de Lafkenche du lac Budi et du lac Lanalhue, les artistes installent un laboratoire photo dans le coffre de leur voiture. Utilisant le collodion humide, un procédé photographique vieux comme le 19ème siècle dernier, qui consiste à imprimer sur du verre des négatifs couleur ou noir et blanc.
Une partie de ce travail avait été déjà montrée au Musée de l’homme à Paris en 2017, curatée par le truculent commissaire d’exposition, lui aussi chilien Sergio Valenzuela Escobedo ; Ce dernier souligne que « la prise de parole est multiple » et décrypte une première lecture de ce travail à la fois scientifique et artistique : « dans cette relation, nous avons voulu raconter comment sur un même territoire deux façons de regarder le monde se retrouvent ; L’une d’un point de vue économique avec la production en masse. L’autre avec les Mapuches et leur un lien étroit au rituel.» L’ancien docteur en photographie nous explique aussi que ce documentaire d’un nouveau genre, a permis de mettre tout le monde “à table“ pour “une conversation“ avec chacun des protagonistes sur “le vivre ensemble“ et tenter de réparer l’irréparable.
“Les scientifiques ont été au service de la colonialisation”
Le nom Les forêts géométriques est un jeu de mots des auteurs, renforçant le triste constat de l’éloignement des forêts de leurs communautés et de l’extinction de la biosphère due à la sécheresse causée par la déforestation, ainsi que le trafic des ressources énergétiques. Pour illustrer ces forêts géométriques, Ritual Inhabitual a voulu placer les plantes à l’épicentre de la conversation, tout comme le destin des Mapuches, se retrouvant témoins de la destruction de leur territoire ancestral et spirituel; Au début de l’aventure , se souvient Florencia «nous avons rencontré des chamanes qui se désolaient de la disparition des plantes médicinales utilisées pour soigner les maladies psychiques et physiques de la communauté ». Plus grave encore, les Mapuches subissent de la discrimination de la part de l’armée du sud du Chili. Le photographe Tito Gonzales Garcia prend la parole et ces mots révèlent que « les scientifiques ont souvent été au service de la colonialisation » en prenant possession de leur territoire sous couvert des recherches pour la Science.
Au gré de cette enquête photographique aux outils multiples (scan , collodion, tirages, journaux, etc..) et conversation à triple langage, nous pénétrons dans l’ancienne sacro sainte Chapelle du Méjean à Arles. Sur les pas des Mapuches et au cœur de leur territoire de lutte, nous marchons dans une forêt séculaire et primaire de plus de 3 millions d’hectares. On y égrène des herbiers numériques, des photos grandeur Nature des maîtres du temps, les arbres, des herbiers numériques, des portraits de la communauté où la poussière et la pluie venues s’inviter dans les tirages sous verre, prouve bien que l’Homme est l’invité de la Nature et non l’inverse.
Ritual Inhabitual
Lutte en territoire Mapuche
Chapelle Saint Martin du Méjean. Arles
Jusqu’au 25 septembre
Découvrir les autres travaux du collectif : ritualinhabitual
Mots: ©lesvoyagesdingrid
Photos: @Alizéebauerpro
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