Kat in the R made in Japan
Rencontre avec Kat Gallicère, l’illustratrice aux doigts d’or qui nous emmène dans une mode up-cyclée made in Japan.
Humeur du jour ?
Enjouée et curieuse de savoir où la journée va me mener dans la création.
Humeur de Demain ?
Je ne peux pas vraiment le prévoir car l’extérieur, les sensations, mes émotions et ma perméabilité à celles des autres, les détails font souvent danser le gouvernail de mon humeur journalière. C’est toujours dans le mouvement.
Passion (s) ?
Ma passion est la création par la transformation et le collage. Pour moi la vie est un collage : les rencontres, les envies, les actions ….ce sont divers éléments, sentiments, échanges qui se tissent, se mêlent et matchent pour un aboutissement, une expérience, pour la vie ou des surprises éphémères… Ce langage du collage que je mêle au dessin, à la photographie, je l’ai expérimenté depuis plusieurs années avec l’illustration dans l’édition, la décoration. Afin de faire face à l’abondance et la surconsommation, j’ai préféré collecter, assembler des matières, des pages de magazines et confectionner ma collection à partir de vêtements de seconde main. J’ai utilisé là aussi de l’existant car la matière qui pollue le moins c’est celle qui existe déjà et qui est réutilisée
Je ne souhaite pas glisser vers le clivage, avant - après ou céder aux discours dystopiques mais plus m’appuyer sur les vertus du bio mimétisme, que celle d’une extinction fatale”
A quel moment est venu votre prise de conscience ? Le déclic vert ?
J’ai une personnalité et un comportement qui est fortement gêné par l’encombrement, ce qui ne laisse pas de place à l’ultra-consommation. Mes acquisitions sont choisies ce qui me permet de les contempler durablement. Il y a dix ans on a fait le projet avec ma famille d’une construction d’une maison en bois et par bon sens et autonomie on l’a voulue énergétiquement passive, avec une orientation Nord pratiquement sans ouverture et de larges ouvertures au Sud, un système de chauffage par géothermie, la récupération des eaux de pluies, un potager. Il n’y a pas vraiment eu de déclic, les choses se sont faites par bon sens et instinctivement pour mon mari et moi-même.
Ma devise : prendre du recul pour mieux se rentre compte et agir.
L’overview effect, c’est regarder la Terre depuis l’espace pour comprendre sa beauté et sa fragilité”
Des personnes qui vous inspirent ?
Grégory Pouy, analyste culturel et fondateur du très bon podcast VLAN. Il parle des mutations de notre monde et explique comment l’appréhender sans clivage et culpabilité. L’architecte japonais Tsuyoshi Tane qui conçoit sa mission d’architecte comme une «archéologie du futur » en travaillant à partir de la mémoire des lieux qui est une force pour construire dans la continuité et cohabiter sur terre. Pour lui, un architecte ne devrait pas avoir un style, une signature, c’est l’architecture qui devrait en avoir.
Engagée ailleurs?
Depuis 1998 je soutiens une association qui se nomme Couleurs de Chine.. Cette association a été créée par Françoise Grenot Wang qui est hélas décédée. L’association est toujours très active. J’ai connu sa fondatrice lors d’une exposition quand je faisais des illustrations pour chambres d’enfants. Elle m’avait confié que les petites filles que je dessinais lui faisaient penser aux petites Miao de Chine, dont elle s’occupait dans les montagnes du Guangxi en leur donnant la possibilité d’avoir accès à l’école afin d’éviter le travail en usine et la domination patriarcale.
Dernier mot ?
Dernier mot : “Continue même sans moi“.
KAT GALLICÈRE – KAT IN THE R
Créatrice de mode. Ilustratrice
Kat intheR : Mode recyclée et graphique avec des airs du Japon
Ses livres : Insoutenable paradis de Grégory Pouy Le soleil et les fleurs de Rupi Kaur
Association Couleurs de Chine.
Mots : Ingrid Bauer
Photographies : Kat Gallicère/ Yann Le Pape
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