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Gael Faure, l’artiste permaculturel

Le bleu du ciel irradie, le soleil pointe son nez, il réchauffe nos esprits et nos âmes. 11h00 du matin, Majorque, un bel ami nous ouvre la porte. Premiers pas dans sa nouvelle demeure aux Baléares. Premiers pas aussi pour notre hôte, Gael Faure, devenu fraîchement papa d'une jolie petite Irène.

CHAP 1 : du radio crochet aux chants des colibris

Fils de paysan ardéchois, Gael a été élevé les pieds dans la terre, le cœur ou-vert, les yeux dans les étoiles et la tête dans la désobéissance (musicale). A 18 ans il décroche une des marches du podium de la nouvelle star et envoie paître les maisons de disque. C’est cavalier seul, qu’il arpente à Bruxelles les scènes découvertes, et ce pendant 3 ans. Puis le cheval indompté revient à la raison (que le cœur ignore), et signe chez Sony, pour 7 ans, avec seulement deux albums à la clé, De silences en bascules et Regain.  L’éloge de la lenteur est le maître mot à penser du chanteur : “Je suis  assez lent, car non pressé d’être une star“.

Ecrire une chanson se doit d’être un acte naturellement engagé (...) Il est difficile de mobiliser des artistes sur un thème où l'engagement doit s’aligner avec leurs convictions, mode de vie et défier l’ego

Retour vers le futur. En 2022, l’enfant rebelle revient à ses anciens amours et flirte avec les scènes en mode indépendant. Besoin de personne, Gael se distingue très vite par ses chansons engagées, même s’il s’excuse en rappelant que “ce n’est pas être engagé que d’écrire une chanson“. Au moment de son album Regain, en tant qu’hyperactif, il pointe son nez de colibri et sa chanson au titre éponyme, chez Pierre Rabhi en 2017 ; Il rejoint le Mouvement Colibri et crée un festival éco-conscient itinérant, le Chant des Colibris. “Nous sommes partis à la rencontre d’acteurs locaux“, poursuit Gael offrir un nouveau souffle, un nouveau sens à la scène artistique, avec pour objectif, une bascule vers un monde vertueux, emmené par “des figures de proue tels que Cyril Dion et Pierre Rabhi“, conclue-t-il avec une voix sonnant quelque peu la déception. Cet évènement, même s’il incarnait l’appel du monde de demain, avec des protagonistes de l’environnement débattant sur les enjeux climatiques, des parcours pédagogiques et des têtes d’affiches, comme Alain Souchon, Mathieu Chedid ou Piers Faccini, le festival n’a duré que deux ans, au grand dam du chanteur. “Il est très difficile de mobiliser des artistes sur un thème où l’engagement doit s’aligner avec leurs propres convictions, mode de vie et défier l’ego“, soupire dans un dernier regain, Gael.

“ C’est une route qui se dessine
Là sous mes pas, sous mes yeux
C’était mon dernier jour à l’usine
Dans la chaleur et le bruit, je n’ai vu que du feu

Je veux marcher, ne plus m’arrêter
Qu’importe l’allure où je vais,
Je veux marcher, ne plus m’arrêter
Qu’à la faveur de la lune,

Siffler . Regain

CHAP 2 : De Paris à l’hymne à la joie

Je n’avais plus de joie (…)Désapprendre puis réapprendre pour reconstruire

“Je n’avais plus de joie“ déclame notre ami compositeur. Alors, il quitte les pavés de Paname pour retrouver les douces collines de la Drôme, poussé par les mots de Giono et son oeuvre bouleversante Que ma joie demeure. Ces mots, ils les emprunte, les sublime pour soigner les maux de l’humanité, à travers un spectacle “le Bruit du blé“. L’artiste aux mains vertes, aime le qualifier de “permaculturel“; Ce spectacle intergénérationnel, s’explique-t-il “mèle plusieurs domaines, comme le patrimoine, la littérature, la politique, le local et la prise de conscience écologique‘.  Le Bruit du Blé se produit au MUCEM de Marseille, dans des tiers lieux, où la culture n’est pas et ce accompagné de débats participatifs, de conférence sur la joie animée par Denis Labouret, maître de conférences HDR à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de l’auteur de “l’homme qui plantait les arbres“. “Que ma joie demeure“ paraphrase-t-il, son envie avec ce spectacle haut en profondeur ? “Rapporter l’art dans les campagnes, sensibiliser les jeunes générations“ avec le beau et l’utile. Le Bruit du blé, une étape clé dans la carrière du chanteur ; Ici et maintenant tout prend sens, il devient“ écolo-nomique“ souligne t-il avec un petit sourire narquois, “ apprend à renoncer et à se nourrir d’autres choses“, versus courir après le temps perdu. Le temps est “slow tiempo“. En quête de sens, Gael l’a toujours été, tout comme ses jeûnes que ce dernier aime entreprendre pour se ressourcer et lâcher prise. “Désapprendre puis réapprendre pour reconstruire“, son fidèle mantra  qu’il reprend dans l’une de ses chansons. 

CHAP 3 : VERS LE CHEMIN DE L'ECOLOGIE INTERIEURE

Se mettre au service d’une écologie intérieure

“Se mettre au service d’une écologie intérieure“, telle est sa profession de foi, nous rappelle-t-il. “Ma musique, je la pense comme un artisan“. Pleins de projets résonnent dans sa tête. Son dernier EP « l’eau et la peau“ fait écho à un des cinq éléments mais surtout explore l’inexploré; Une envie irrésistible de se connecter avec le dieu des petits riens, de se rappeler d’où on vient et par extension, nous confie Gael « se relier à l’invisible, à nos fluides, nos intuitions, nos plus belles forces en nous souvent inexploitées ». Se rappeler la terre qui nous porte, le sol qui nous nourrit, l’eau qui nous unit pour « se reconnecter plus que jamais au vivant ».

Fin de l’entretien, deux heures sont passés, il faut dire que Gael est aussi enthousiaste que bavard . “Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion“ nous disait Hegel; L’homme qui chantait des mots durables l’a bien compris. Alors, prenons date à Paris ! Militons au côté du jeune papa chanteur et allons applaudir « l’eau et la peau » qui se donnent en spectacle au Consulat et ailleurs.

“Au centre de la terre au centre de la vie, l’eau garde en elle le secret de ce qu’elle engloutit (…)

L’eau dilue le sel et le sang
L’eau lave et rafraîchit
Insolite sous le soleil, l’eau n’a pas de prix
Comme l’homme qui roule et qui gronde
L’eau submerge et détruit
Reflète à jamais notre image
Ta mémoire est infinie.

La mémoire de l’eau. L’eau et la peau

Créer des spectacles permaculturels comme le bruit du blé

Dernière confidence sur une île pour de beaux lendemains qui chantent… Gael souhaite faire perdurer sa philosophie de pleine conscience pour les concerts et continuer la création/production de spectacles permaculturels. Suivre les sentiers battus par le Bruit du Blé. 

GAEL FAURE

37 ans. Auteur-compositeur-interprête

Spectacle permaculturel. Le Bruit du Blé. Dernier EP. L’eau et la peau. Recueil de 6 titres. @gaelfaureofficial

Mots : Ingrid Bauer
Images: @lesvoyagesdingrid 

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