Isabelle Rivoire-Grange (en 12 chapitres)
Isabelle Rivoire-Grange fait partie de ces personnes au grand cœur et dont l’étoffe comme diraient certain.es sont ceux est celle des héros des temps modernes. Bien alignée dans son biotope, les mains dans la terre dans de sa campagne lyonnaise ou dans le bitume de Paname, DJette la nuit, graphiste et artiste plasticienne le jour, Isabelle célèbre aussi la veganité, à travers les dîners qu’elle mitonne pour ses invités, devenus apôtres vegan, réinventant la Cène.
« Je suis empreinte de la culture de la terre »
Petite musique de fond, installées dans un coin du restaurant de l’Hotel National des Arts et Métiers, lieu où elle mixait samedi dernier, nous nous rencontrons pour la première fois. Première fois aussi que je n’ai rien preparé. L’idée est de discuter à bâtons rompus sur sa vie, son œuvre, comme on le ferait avec un bon vieux poto. C’est ce que j’ai ressenti à travers nos échanges, simplicité, joie de vivre et sincérité. On pourrait même ajouter comme mention à cet entretien : « #sansfioritures #nofilter ». Pleine de vies, Isabelle les embrasse à bras-le-corps. La vie elle la croque, depuis son âge tendre, dans les monts du Lyonnais « Je suis empreinte de la culture de la terre. » Élevée avec le pain bio de Monsieur Raoul Lemaire: « J’ai vécu dans un milieu très rural, très préservé et assez écolo, bizarrement. » Bizarrement, reprend l’artiste aux 100 destins, car là-bas, on respecte la nature. « Dans ma famille, on est tous respectueux de la nature. Donc vivre ou essayer de vivre en harmonie avec elle et respecter la chaîne du vivant, coule de source pour notre créatrice protéiforme. Entre Paris et Dieppe, son cœur balance. D’ailleurs elle ne veut pas avoir à choisir. Ces deux mondes complémentaires, elle les aime tellement. Aussi bien à l’aise « dans la forêt ou dans mon potager avec mes bottes de jardinage, qu’à l’Hôtel National quand je mixe », Isabelle adore la mode et se frotter à des « environnements très sociaux ».
« J’ai crâmé mon bilan carbone pour mes 18 vies postérieures »
Des Beaux-Arts de Lyon jusqu’à la Normandie, il n’y a qu’un pas. Nomade à ses heures, « J’ai crâmé mon bilan carbone pour mes 18 vies postérieures», elle vit deux ans à New York, où elle rencontre son mari, devient maman de deux enfants, s’installe à Milan, Los Angeles et en Afrique, adoube son côté Janus. Force est de constater qu’elle serait comme dotée d’un don d’ubiquité, grâce à sa « double culture de la terre et de la ville ». À son arc, on oublierait presque d’ajouter une autre corde, celle du sport, Isabelle est triathlète. Non vous ne rêvez pas. Une journée avec Isabelle, ça peut être potentiellement fatigant, s’amuse t-elle. « Je fais du vélo, de la natation, un peu de skateboard, de la boxe et de la course à pied. » Adorant nager dans la Manche (à 15 degrés), Isabelle n’est jamais à contre-courant. En octobre 2023, la terre des Dieux de l’Olympe l’appelle, ou plutôt la résidence d’artistes « Mental Upcycling », sur une île secrète en Grèce, dont la thématique se concentre sur une démarche responsable et écologique. Tout cela sous la houlette de l’artiste multidisciplinaire française Mildred Simantov, dont les créations allient le pouvoir du visuel, de l’art, du design sémantique et de la musique. Menant mon enquête, j’ai compris pourquoi les deux femmes avaient noué un relation aussi profonde. Mildred est le côté pile ou face d’Isabelle. Combinant poésie, langage et visuel, pour produire des œuvres explorant les émotions humaines mais également les enjeux contemporains comme le développement durable et notre addiction à « l’or noir », l’artiste protéiforme nourrit l’univers d’Isabelle et vice-versa. Les deux créatrices font la paire et s’autostimulent. Là-bas, sur l’île reculée des Cyclades, la DJette collecte des sons de l’île pour un futur projet musical, crée une recette vegan avec des produits trouvés sur place et fabrique sa propre peinture, en réduisant du charbon de bois ramassé sur la plage, mélangé à de la farine locale. Hâte de découvrir la restitution du travail des 3 artistes participants, autour d’une future exposition. À vos agendas…
« La véganité n’est pas un défaut. »
Notre conversation, si animée et foisonnante n’est pas à l’image de nos infusions déjà bien refroidies. Premier ressenti au terme de cet entretien, nous allons nous revoir, promesse de l’aube (des nouvelles opportunités). Une Isabelle artiste peut cacher l’âme d’une Isabelle cuisinière, l’âme d’une drôle de « metteuse en fête », qui dans son appartement de Dieppe propose des dîners entre amis, où elle met les petits plats vegan dans les grands. Agapes et rires se mêlent au son du végétal. Une parfaite transition pour vous présenter son dernier ouvrage, La Veganité n’est pas un défaut. Graphisme, photo, mise en page, recettes, sont à 100 % cuisinés par notre artiste multifacette, aux yeux couleur menthe à l’eau, dont chacun des looks est revisité et de seconde main, « Je surcycle la plupart de mes vêtements. » Dernière question avant la séance photo, sur l’écoanxiété façon (feu) Bernard Pivot, Isabelle nous lâche un dernier sourire, « Je dirais que je suis à 10 % écoanxieuse et 90 % écoheureuse. Je soigne mon anxiété en étant dans l’action. ». Alors pour rompre avec la solastalgie, un seul conseil, suivre la trajectoire d’Isabelle et foncer vers des lendemains de merveilles.
Mots : Ingrid Bauer
Photos: Portrait Alizée Bauer pour hum média
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