Anissa Bonnefont, Wonder girl

Avec son charisme et son talent, la réalisatrice impose ses films sur les écrans et séduit par le choix de ses sujets engagés.

Anissa Bonnefont nous accueille dans son appartement, rive gauche. Élégant et incarné l’endroit lui sied au teint. Objets et photos envahissent les moindres recoins, des livres servent de supports à des bibelots et autres souvenirs. De la musique s’échappe d’un tourne-disque, une bougie est allumée, du thé vert infusé. Elle s’assied sur un fauteuil chiné, et sans âge, à l’imprimé fleuri. 

Le fait de savoir que je pouvais faire autre chose que des films m’a décomplexé

À 18 ans, passionnée de cinéma, elle part étudier à New York au HB Studio et y écrit ses premiers scénarios. Un retour à Paris et trois court-métrages plus tard, elle s’envole pour Los Angeles avec le père de ses enfants, lui aussi cinéaste, qui doit terminer le montage d’un film. C’est dans cette ville de Californie du Sud qu’elle découvre une vie plus consciente « tout le monde trie, a son compost, fait son potager, il n’y a pas de plastique », cette façon de vivre devient une évidence pour la réalisatrice. 

Elle continue d’écrire et passe son temps libre à cuisinier tartes, feuilletées, et autres desserts sucrés. À la demande générale, elle ouvre une pâtisserie, Cookoo Bakery, bio, locale et de saison. C’est un carton plein, « le fait de savoir que je pouvais faire autre chose que des films m’a décomplexé, ça m’a donné confiance en moi. » Le cordon bleu (végétarien), revient en France avec cet art de vivre au cœur et l’envie féroce de continuer à réaliser des films.

j’ai envie de divertir en racontant des choses qui comptent

En 2018, son documentaire Wonder Boy, biopic du directeur artistique de la maison Balmain, Olivier Rousteing lance définitivement sa carrière de réalisatrice. Après un César, en 2020 dans la catégorie meilleur film documentaire, tout s’enchaîne. Un deuxième film Nadia, le portrait d’une refugiée afghane au Danemark devenue footballeuse professionnelle, puis La Maison une fiction sur la liberté sexuelle des femmes. Son prochain film documentaire, encore en gestation, racontera l’histoire d’une famille de migrants en France. 

L’ambitieuse cinéaste devient une porte-parole de sujets engagés « sans faire de la politique, je mets en images des histoires de personnes qui me touchent avec l’espoir d’atténuer, même l’espace d’un instant, les jugements. » Elle poursuit et nous confie avoir eu la chance de rencontrer, Bruno Latour, grand philosophe sociologue anthropologue et théologien « demain l’âme la plus importante sera la fiction » lui dit-il, une phrase qui fait écho pour la jeune femme. Elle dit, se sentir responsable de ce qu’elle peut offrir comme histoire « j’ai envie de divertir en racontant des choses qui comptent ». Inenvisageable pour Anissa Bonnefont de ne pas être engagée, cela fait partie de sa vie « chacun à son échelle peut servir une cause. »

Planter une graine et la voir germer chez l’autre, c’est ce que permet le cinéma

L’éducation à l’écologie est un sujet qui la préoccupe. Elle regrette que le gouvernement ne fasse rien à cet égard « en réadaptant le programme scolaire, en pensant les choses en phase avec le monde dans lequel on vit ». Des questionnements, qu’elle aborde souvent avec son « amoureux » Mathias Vicherat directeur de Sciences Po Paris qui a mis en place des cours d’écologie obligatoire pour ses étudiants. Anissa Bonnefont, ne prétend pas « faire de grande action pour l’écologie mais plutôt avoir une démarche instinctive » dans sa façon de consommer en circuit-court et de seconde main. Elle impose que ses tournages soient labellisés et les plus responsables possible « tout le monde a un rôle à jouer. »

L’heure tourne, la cinéaste, conclue notre entretien par un grand sourire et confesse, qu’elle adorerait réaliser un film qui aborde l’écologie pour éveiller les consciences « planter une graine et la voir germer chez l’autre, c’est ce que permet le cinéma. » L’autre, c’est au fond la première passion d’Anissa Bonnefont.

ANISSA BONNEFONT

Scénariste, réalisatrice

2023-Une nuit à Rome (tournage prévu cet été)
2022-La maison
2021-Nadia
2019-Wonder boy, Olivier Rousteing, Né sous X    

Mots : Jessica Bros
Photos: @alizeebauer

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Anissa Bonnefont, Wonder girl

Avec son charisme et son talent, la réalisatrice impose ses films sur les écrans et séduit par le choix de ses sujets engagés.

Anissa Bonnefont nous accueille dans son appartement, rive gauche. Élégant et incarné l’endroit lui sied au teint. Objets et photos envahissent les moindres recoins, des livres servent de supports à des bibelots et autres souvenirs. De la musique s’échappe d’un tourne-disque, une bougie est allumée, du thé vert infusé. Elle s’assied sur un fauteuil chiné, et sans âge, à l’imprimé fleuri.

Le fait de savoir que je pouvais faire autre chose que des films m’a décomplexé

À 18 ans, passionnée de cinéma, elle part étudier à New York au HB Studio et y écrit ses premiers scénarios. Un retour à Paris et trois court-métrages plus tard, elle s’envole pour Los Angeles avec le père de ses enfants, lui aussi cinéaste, qui doit terminer le montage d’un film. C’est dans cette ville de Californie du Sud qu’elle découvre une vie plus consciente « tout le monde trie, a son compost, fait son potager, il n’y a pas de plastique », cette façon de vivre devient une évidence pour la réalisatrice. Elle continue d’écrire et passe son temps libre à cuisinier tartes, feuilletées, et autres desserts sucrés. À la demande générale, elle ouvre une pâtisserie, Cookoo Bakery, bio, locale et de saison. C’est un carton plein, « le fait de savoir que je pouvais faire autre chose que des films m’a décomplexé, ça m’a donné confiance en moi. » Le cordon bleu (végétarien), revient en France avec cet art de vivre au cœur et l’envie féroce de continuer à réaliser des films.

j’ai envie de divertir en racontant des choses qui comptent.

En 2018, son documentaire Wonder Boy, biopic du directeur artistique de la maison Balmain, Olivier Rousteing lance définitivement sa carrière de réalisatrice. Après un César, en 2020 dans la catégorie meilleur film documentaire, tout s’enchaîne. Un deuxième film Nadia, le portrait d’une refugiée afghane au Danemark devenue footballeuse professionnelle, puis La Maison une fiction sur la liberté sexuelle des femmes. Son prochain projet documentaire, encore en gestation, racontera l’histoire d’une famille de migrants en France. L’ambitieuse cinéaste devient une porte-parole de sujets engagés « sans faire de la politique, je mets en images des histoires de personnes qui me touchent avec l’espoir d’atténuer, même l’espace d’un instant, les jugements.» 

Elle poursuit et nous confie avoir eu la chance de rencontrer, Bruno Latour, grand philosophe sociologue anthropologue et théologien « demain l’âme la plus importante sera la fiction » lui dit-il, une phrase qui fait écho pour la jeune femme. Elle dit, se sentir responsable de ce qu’elle peut offrir comme histoire « j’ai envie de divertir en racontant des choses qui comptent ». Inenvisageable pour Anissa Bonnefont de ne pas être engagée, cela fait partie de sa vie « chacun à son échelle peut servir une cause. 

Planter une graine et la voir germer chez l’autre, c’est ce que permet le cinéma

L’éducation à l’écologie est un sujet qui la préoccupe. Elle regrette que le gouvernement ne fasse rien à cet égard « en réadaptant le programme scolaire, en pensant les choses en phase avec le monde dans lequel on vit ». Des questionnements, qu’elle aborde souvent avec son « amoureux » Mathias Vicherat directeur de Sciences Po Paris qui a mis en place des cours d’écologie obligatoire pour ses étudiants. Anissa Bonnefont, ne prétend pas « faire de grande action pour l’écologie mais plutôt avoir une démarche instinctive » dans sa façon de consommer en circuit-court et de seconde main. Elle impose que ses tournages soient labellisés et les plus responsables possible et les plus responsables possible « tout le monde a un rôle à jouer. »

 

L’heure tourne, la cinéaste, conclue notre entretien par un grand sourire et confesse, qu’elle adorerait réaliser un film qui aborde l’écologie pour éveiller les consciences « planter une graine et la voir germer chez l’autre, c’est ce que permet le cinéma. » L’autre, c’est au fond la première passion d’Anissa Bonnefont.

 

Anissa Bonnefont 

Scénariste, réalisatrice 

2023 Une nuit à Rome (tournage cet été)
2022 La maison
2021 Nadia
2019 Wonder boy, Olivier Rousteing, Né sous X

 

Mots : Jessica BROS
Photos: Alizée BAUER

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