Iris-Amata Dion, du nouveau à l’horizon

Une détermination de fer et un enthousiasme communicatif c’est ainsi qu’elle nous apparait et après quelques échanges on se dit qu’Iris-Amata Dion possède aussi la douceur et l’humilité de ceux qui changent le monde. Tant mieux car le monde en a terriblement besoin. Rencontre au sommet avec une voix avec laquelle il faut désormais compter.

” Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir.”  Albert Einstein

Iris-Amata Dion a fait des études de géologie et s’est spécialisée dans les sciences de l’atmosphère et du climat. Très rapidement et alors que le champ de recherche qu’elle a choisi la passionne, on sent qu’elle n’aura de cesse de transmettre ce savoir qu’elle a acquis et ce sous toutes les formes possibles afin de toucher son auditoire où qu’il puisse être. En parallèle de ses études, elle crée ainsi des courts-métrages de façon bénévole et finit par travailler pour une boite de production qui réalise des documentaires pour TV5 Monde. Devenue docteure elle fait une pause dans sa carrière de chercheur pour écrire le scénario d’une bande dessinée. Cette bande dessinée c’est Horizons climatiques, rencontre avec 9 scientifiques du GIEC parue aux éditions Glénat. Dans la démarche d’Iris deux forces sont à l’œuvre : la première consiste à occuper le plus de fronts possibles pour transmettre des connaissances, la deuxième veut rendre ce savoir accessible et compréhensible au plus grand nombre.

« Quand je sortais de ma bulle de chercheurs et de chercheuses et de ces études sur le climat, j’observais que finalement peu de personnes autour de moi connaissaient le GIEC ou bien n’avaient qu’une vague idée de ce que c’était. »

Alors le GIEC c’est quoi demandons-nous à Iris ? Le GIEC est en fait une organisation établie par les Nations Unies, un Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat, chargé d’évaluer l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts. Formé par plus de 800 scientifiques du monde entier, le GIEC a pour mission de synthétiser de façon claire et objective les quelques 40 000 publications scientifiques qui paraissent chaque année sur le changement climatique. « Quand je sortais de ma bulle de chercheurs et de chercheuses et de ces études sur le climat, j’observais que finalement peu de personnes autour de moi connaissaient le GIEC ou bien n’avaient qu’une vague idée de ce que c’était. » 

« Ce qui est important c’est que la société puisse s’emparer de ces connaissances pour pouvoir agir individuellement et collectivement en conséquence. »

Dans sa bande dessinée Iris tient à montrer que cette synthèse loin de prendre la poussière dans un tiroir vit en fait du lien et du dialogue permanent qu’elle crée avec la société : « Ce qui est important c’est que la société puisse s’emparer de ces connaissances pour pouvoir agir individuellement et collectivement en conséquence. » 

On comprend vite que de la même façon, Iris ne conçoit son travail que dans ce lien avec les autres et dans un quotidien qui mêle étroitement recherches, expériences de terrain et transmission de ces différents savoirs. En ce moment elle coordonne un projet qui consiste à mesurer dans différents types de forêts (de montagne, tropicales, boréales etc) à l’échelle mondiale ce qu’on appelle la biomasse forestière. Cette biomasse est un enjeu actuel crucial puisqu’elle représente l’ensemble des matières organiques qui peuvent moyennant différentes actions devenir des sources d’énergie. La biomasse peut être utilisée soit directement (bois, énergie) soit après méthanisation de la matière organique (biogaz) ou via de nouvelles transformations chimiques (biocarburant). On voit vite tout l’intérêt de cette source d’énergie verte et ses enjeux. 

L’ère n’est décidément plus au déni car nous avons en effet chaque jour des preuves concrètes de l’incidence du changement climatique sur des populations exposées et de plus en plus vulnérables. 

« On sait que 10 % des plus riches sont responsables d’environ 34 à 45 % des émissions de gaz à effet de serre par exemple. »

Il s’agit désormais pour Iris d’aller plus loin que ces données et de proposer des solutions concrètes pour ne pas rester dans la sidération et l’inaction. Beaucoup de ces discours d’inaction sont émis par les plus grands pollueurs de ce monde nous rappelle Iris, il ne faudrait pas être dupes. Elle maintient qu’il faut toujours rester dans une action concrète par rapport aux enjeux du climat et surtout être fiers de ce que l’on met en œuvre à son échelle. Cela permet de ne pas rester bloqués sur nos écoanxiétés même si elles sont légitimes ajoute Iris. Elle poursuit  : « Il faut aussi aller vers le collectif, voir qu’en fait on n’est pas seul et qu’ensemble on peut aller plus vite, on peut créer des choses. »

Le changement se fera toujours par le savoir, l’une des phrases de conclusion de l’album d’Iris illustré par Xavier Henrion est d’ailleurs cette merveilleuse citation d’Albert Einstein « Ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir. » Toute l’énergie d’Iris est donc consacrée à cette seule mission : agir et donner aux autres les moyens d’agir. 

On repart galvanisées de notre rencontre avec Iris, plus au fait également indéniablement de ce qui se joue. On comprend surtout qu’Iris ne s’arrêtera pas là et qu’elle ne s’interdira rien pour mener à bien ce qui lui tient à cœur. Au-delà de sa bande dessinée tellement rafraichissante parmi toutes les publications scientifiques parfois intimidantes nous sommes convaincues que nous retrouverons le message d’Iris partout. Partout où elle aura la conviction qu’il peut porter. 

IRIS-AMATA DION

Auteure-Docteure en science de l’Atmosphère et du Climat

Bande dessinée Horizons climatiques. Rencontre avec neuf scientifiques du GIEC. Edition Glénat. 

 

 

Mots : Audrey Demarre
Photos: Glénat Presse 

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