Jean Rakovitch et l’école en plein champ du possible

Avec ce nom plein de promesses, il fallait bien que l’école du Domaine du Possible se démarque radicalement de toutes les autres. Située à Arles, cette école se définit avant tout comme un lieu d’apprentissage où chacun au contact du groupe trouvera la liberté et la créativité nécessaire à son épanouissement pour devenir acteur à terme de sa propre vie. Rencontre avec son directeur pédagogique, Jean Rakovitch.

Ceci n’est pas une arlésienne. Le chant des cigales tinte le ciel, les chevaux du domaine équestre de l’École du Domaine du Possible s’impatientent, non loin de là, les flamants roses barbotent dans les marais. Jean Rakovitch, le directeur pédagogique de l’école du Domaine du Possible, nous attend sur le perron. Le temps que le soleil pointe ses rayons, nous discutons avec lui de pédagogie et d’éducation, un vaste sujet, un puits sans fonds. Créée en 2015 à l’initiative de Françoise Nyssen et (feu) Jean-Paul Capitani fondateurs de la maison d’éditions Actes Sud, cette école se veut un lieu de vie et de développement harmonieux, en résonance avec les enjeux écologiques d’aujourd’hui et de demain; Une école du vivant, qui sert à « former l’individu aux défis du monde contemporain. »

« On a un conservatoire d’agrumes juste (…) on essaie de comprendre quels végétaux peuvent pousser aujourd’hui avec la transition climatique et quelles sont les techniques respectueuses de la nature permettant de mieux se nourrir. »

L’école du Domaine du Possible s’appuie sur une pédagogie qui prône avant tout la liberté des élèves dans le choix de leurs apprentissages. Inspiré par des méthodes comme celles de l’éducation Montessori, ou Steiner, l’établissement propose un cadre souple dans lequel les enfants ont enfin le temps d’explorer et développer leurs centres d’intérêt. Le programme laisse la place à l’imprévu à la découverte et les évaluations loin de pénaliser semblent plutôt l’occasion de trouver des points d’amélioration.

Jean Rakovitch, poursuit, « l’étymologie du mot écologie, signifie la relation avec l’environnement » une place prépondérante, est donnée à la nature et au travail manuel avec une volonté de toujours compléter le travail intellectuel par des expérimentations très concrètes et pragmatiques. Le cadre unique de l’école nichée au cœur de la nature, et entourée de champs, de jardins, d’un centre équestre et de fermes pédagogiques, est un environnement propice à l’exploration et en contact direct avec les éléments naturels. Ce cadre est essentiel dans la philosophie de l’école car la nature constitue un véritable terrain d’apprentissage ; « On a un conservatoire d’agrumes juste à côté de l’école, on essaie de comprendre quels végétaux peuvent pousser aujourd’hui avec la transition climatique et quelles sont les techniques respectueuses de la nature permettant de mieux se nourrir. » Avec le programme « Terre vivante et nature » les agronomes en herbe, pratiquent aussi bien la permaculture que la botanique.

« Nous avons un complexe qui s’appelle Terre vivante et nature, dans lequel vous avez tous ces enseignements pratiques de la permaculture, de la botanique. »

Jardinage, soin des animaux et création de projets artistiques et scientifiques liés à l’environnement sont au cœur de la démarche et constituent un point de départ pour les enseignements.

Ainsi l’un des projets du module scientifique l’année passée a consisté à construire des maquettes de bateaux. Depuis la maitrise de la modélisation sur ordinateur jusqu’à la construction effective des maquettes il a fallu s’interroger sur l’histoire de la navigation, sur le choix des courbes, des mesures, l’équilibre des forces, la flottaison etc. Autant de notions qui deviennent immédiatement concrètes quand on peut directement les expérimenter. Le principe est donc de favoriser une éducation holistique où les enfants travaillent toujours en collaboration avec d’autres élèves de tous âges pour favoriser les échanges intergénérationnels.

Ce modèle met l’accent sur le développement intégral de l’individu, en favorisant des compétences telles que la collaboration, la résolution de problèmes, la pensée critique, mais aussi l’intelligence émotionnelle et le sens de l’empathie.

« L’école est inscrite dans une ferme et les élèves font du jardinage, utilisent des outils, ont des activités manuelles… »

Par ailleurs, vu que la toile surmédiatise le monde ou tronque le savoir, « les enjeux d’aliénation sont pris en compte; On a de plus en plus d’écrans. Les enfants découvrent des choses à travers un écran d’ordinateur avant même d’avoir palpé ou expérimenté. » Jean rappelle que la mise en perspective de l’expérience comme point d’orgue de tout enseignement ou apprentissage est la clé des champs pour ces néo-sapiens, « l’école est inscrite dans une ferme et les élèves font du jardinage, utilisent des outils, ont des activités manuelles… »

Aux antipodes de l’école de Jules Ferry – qui pourrait peut-être en prendre de la graine – ou d’une approche purement académique, l’école cherche à former des citoyens du monde, conscients des défis sociaux et environnementaux actuels. Et à ce titre elle accorde une importance particulière à la sensibilisation à l’écologie et à la compréhension interculturelle, dans un monde de plus en plus globalisé.

JEAN RAKOVITCH. ECOLE DOMAINE DU POSSIBLE

Route de Volpelière
Arles 13104 FR

Ecole Domaine du Possible

 

Mots : Audrey Demarre 

Photos:  Portrait Alizée Bauer pour hum média

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