Galitt Kenan, le destin d’une petite vague

C’est à la tête du Jane Goodall Institute France qu’elle œuvre, un poste qui lui permet de mettre à profit ses années d’expériences aussi riches que variées.

Quand on rencontre Galitt Kenan c’est d’abord son énergie qui nous transporte. Et de fait lorsqu’elle égrène son parcours, de ses études juridiques à son incursion dans le conseil en stratégie et en finance, de son expérience à la tête de la fondation Homme de parole jusqu’à sa fabuleuse aventure sur le projet « 6 milliards d’autres » mené avec la fondation Good Planet et Yann Arthus-Bertrand, on est d’abord époustouflé et puis très vite on se dit que malgré tout on est à peu près sûrs qu’elle en a encore sous le pied. Désormais elle dirige le Jane Goodall Institute France, une ONG environnementale fondée en 1977. 

Derrière ce beau portrait de femme qu’est en train de dessiner pour nous Galitt Kenan, un autre surgit très rapidement dans ses propos, celui de Jane Goodall. Une femme hors norme, qui sans aucune formation scientifique fera pourtant une découverte déterminante, probablement une des plus importantes du siècle, à une époque où on perçoit encore assez mal qu’une femme puisse se mêler de science. En effet grâce à un compagnonnage privilégié, tenace et patient avec les chimpanzés, elle montrera que ces derniers savent se servir d’outils et notamment pour se nourrir. Une découverte en forme de big bang qui transformera profondément et de manière définitive la compréhension des rapports que nous entretenons avec les animaux. De cette expérience est née pour elle l’envie d’agir de façon concertée et globale, « holistique » même si le mot est aujourd’hui galvaudé pour protéger les chimpanzés, leur milieu et ce faisant protéger l’humain car tout est lié dans le vivant. Une formule que Galitt reprend à son compte tant le modèle de Jane Goodall la porte et semble à tout moment lui ouvrir la voie.

La mission du Jane Goodall Institute France est désormais double : la recherche scientifique et la conservation de biosphères et de sanctuaires situés en Afrique avec cette volonté d’inscrire les communautés locales au cœur des projets. La sensibilisation des plus jeunes au fragile équilibre entre les hommes, les animaux et la nature, par le biais d’un programme d’éducation que les enfants développent par eux-mêmes. C’est le projet « des racines et des bourgeons » qui touche 700 000 jeunes dans plus de 50 pays. De nombreuses initiatives sont ainsi en cours à la fondation car il est important d’inscrire les changements et le travail dans un temps long. La fondation préfèrera toujours intervenir sur des projets modestes à condition que ces derniers aient un impact à 360 °. Concrètement nous dit-elle lorsqu’on veut protéger les forêts costales en Tanzanie, la reforestation s’accompagne d’un travail autour de l’accès à l’eau pour la population locale, l’éducation, la santé, le women empowerment, etc. L’interdépendance des sujets est une donnée bien réelle de n’importe quelle mission sur le terrain.

Quand on évoque la mythique figure de Jane Goodall, Galitt ne dresse pas le portrait d’une icône gravée dans le marbre mais plutôt celui d’une femme en action, engagée, drôle, à l’écoute, bienveillante et profondément ancrée dans la vie. C’est probablement les mots que nous utiliserions également pour dresser le portrait de Galitt, voyageuse infatigable et surtout infatigable optimiste. « Je n’aurais pas eu d’enfants si je ne croyais pas fermement à la puissance de l’engagement et de l’action groupée. » « Together we can , Together we will » pourrait être sa devise. À la fin de l’entretien lorsqu’on lui demande l’origine de son prénom à la consonance si particulière elle nous répond que Galitt veut dire « petite vague » en hébreu et que ses parents étaient un peu poètes. Poètes peut-être mais visionnaires sûrement ! Gageons que cette petite vague sera bien difficile à attraper.

GALITT KENAN  

Directrice de l’ONG Jane Goodall Institute
Humeur : Together we can , Together we will

Mots : Audrey Demarre 
Photographies : @Ingrid bauer & Kristin J. Mosher& Jane Goodall Institute

Partager :

à lire aussi

Retour en haut