Pourquoi Kaizen s’invite dans le débat public?
La star de youtube Inoxtag gravit l'Everest dans son documentaire Kaizen, explosion des records de vues alors que les commentaires de la toile s'enflamment.
Sortez de chez vous pour découvrir le monde
Tout d’abord “Kaizen”, qu’est-ce que cela signifie ? Ce mot japonais se découpe en deux pour joindre “kai” = changement et “zen”= meilleur, et nous offrir, vous l’aurez compris, le changement pour le meilleur. Mais il englobe également un principe fondamental qui s’oppose au changement radical, ici, il s’agit de s’améliorer petit à petit, ainsi, aucun grand moyen (motivation démesurée, ou moyen financier élevé par exemple), n’est nécessaire pour atteindre l’objectif. Voilà le message principal que voulait faire passer Inoxtag, jusqu’ici tout va bien, “petit à petit l’oiseaux fait son nid”, est un adage bien connu des français aussi. Oui mais là, l’objectif choisi fait débat. D’abord, parce que c’est une expérience couteuse, comptez à peu près 50 000€ par personne pour une ascension, pas vraiment accessible à tous. Pour subvenir au besoin du film, Inès a eu recours à plusieurs sponsors, pour ne citer que Nike, qui n’est pas un exemple en termes d’écologie et d’éthique. Puis on le sait maintenant, l’Everest est fortement pollué à cause du surtourisme, des tentes et autres détritus sont abandonnés dans la montagne, tout cela pour créer une file d’attente de centaine de personnes au sommet, mettant tout le monde en danger. Un rêve donc, sur le papier pas idéal, amorti par des moyens peu vertueux. De plus, la conclusion poussée par le youtubeur est jugée un peu mièvre : “Sortez de chez vous pour découvrir le monde”, est-ce que tous les moyens employés étaient nécessaire pour aboutir à cela ?
Le documentaire est pourtant réalisé avec transparence. Nous voyons la pollution sur place mentionnée à plusieurs reprises, l’absurdité du sur-tourisme qui pousse même certains à voler des bouteilles d’oxygènes, mettant sans scrupule un autre groupe en danger, et puis ces files interminables créant l’angoisse de toute l’équipe, se rendant bien compte que l’homme ici devient un loup pour l’homme. Une réalité qui est illustrée dramatiquement à deux reprises, d’abord par la découverte d’un corps laissé au sommet de la montagne enneigée depuis cinq ans, puis par un évènement occurrent quelques instants après l’arrivée au sommet d’Inoxtag et de son équipe, l’effondrement d’un bloc de neige provoquant la chute de marcheurs, dont deux perdront la vie. Ce n’est donc pas une image merveilleuse de l’ascension de l’Everest qui prévaut, à titre personnel nous en avons été plutôt dégoutés, une bonne chose donc ? Si cet effet est le même sur tous.
Quoi qu’il en soit, que cela nous plaise ou nous, ce n’est pas le sujet central du jeune homme, qui ne montre d’ailleurs pas seulement l’Everest dans son documentaire, mais bien le parcours d’un adolescent qui s’était enfermé depuis longtemps devant les écrans, qui devant nos yeux découvre un monde extérieur tout aussi épanouissant, et s’en émerveille. N’est-ce pas le premier pas vers l’écologie ? Se rendre compte du monde qui nous entoure, de sa beauté et de sa nécessité pour que nos vies soient heureuses ? Inès, à seulement 22 ans, décide de s’extirper du monde confortable (et surement tout aussi polluant) dans lequel il s’était installé, pour se débarrasser le temps qu’il faut de son téléphone et (re)découvrir la nature, s’ouvrir aux autres, et au monde. N’est-ce pas là aussi une première posture à avoir pour retrouver sa force d’impact sur son environnement ? Le jeune garçon semble être conscient de la chance qui lui a été donnée, de la famille et de la vie qu’il l’a poussé à pouvoir vivre ainsi, comme il semble conscient que d’autres n’ont pas la même veine (référence à une interview donnée pour France inter par Léa Salamé). Ainsi Kaizen semble éveiller un espoir à l’intention d’une génération désespérée, laissée passive face à un monde qui semble leur échapper, qu’on leur interdit de changer. L’occasion de revenir sur un dernier reproche qui est fait au film, qui en promouvant le dépassement de soi, serait autocentré. Il convient à tous d’en tirer ce qu’il en veut, mais qui sait ce que Kaizen inspirera ? La preuve par l’exemple est pourtant aussi un adage reconnu. Et ici il n’est pas crié “Montez l’Everest comme moi”, mais plutôt, “Faites ce que vous pouvez, pas à pas, qui sait ce dont vous, et nous sommes capable”. Pas à pas, ensemble si nous sortons, nous émerveillons, nous rassemblons pour vivre et expérimenter le monde, pas à pas nous passerons à l’action, ensemble nous nous élèverons pour ne pas faillir à notre devoir d’animal conscient ; voici peut-être le message que nous pouvons tirer de Kaizen.
En attendant les dialogues découlant de la volonté d’Inès ont de quoi nous faire réfléchir. Il ne semble pas y avoir de réponse plus juste que l’autre, la vision de Kaizen n’est pas parfaite, mais elle ouvre quelque chose, que ce soit un débat, un espoir, une motivation chez l’un, ou une exaspération chez l’autre, qui sait ce qu’elle provoquera chez vous ? Nous vous conseillons tout du moins pour comprendre ce qui anime en ce moment les réseaux, de découvrir dans son entièreté (avant de pouvoir en parler à votre tour) le documentaire “Kaizen, un an pour gravir l’Everest”, disponible en plusieurs langues sur Youtube, sur la chaine d’Inoxtag.
Mots: Alizée Bauer
Photos: Portrait ©Joel Saget / AFP. ©Mathis Dumas .
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Pourquoi Kaizen s’invite dans le débat public?
La star de youtube Inoxtag gravit l'Everest dans son documentaire Kaizen, explosion des records de vues alors que les commentaires de la toile s'enflamment.
SORTEZ DE CHEZ VOUS POUR DECOUVRIR LE MONDE
Vous avez peut-être récemment entendu parler de “Kaizen, un an pour gravir l’Everest”, le documentaire réalisé par Basile Monnot pour Inoxtag, star de Youtube et de Twich (plateforme de streaming en ligne). Il y a un an, Inès (alias Inoxtag) annonçait vouloir gravir l’Everest. Chose faite, il sort enfin le film promis racontant son aventure, depuis le moment où il décide de quitter sa chaise de “gamer” pour courir au bois de Boulogne, en passant par la découverte de l’alpinisme et de la montagne, jusqu’à l’apogée des sommets vertigineux du Népal, tout y est. Et quelle boule d’énergie à l’image de son créateur s’en est suivie ! Les débats sur les réseaux sociaux font rage. Décryptage d’un phénomène créant la polémique. A tort ou à raison ? À vous de le découvrir.
Tout d’abord “Kaizen”, qu’est-ce que cela signifie ? Ce mot japonais se découpe en deux pour joindre “kai” = changement et “zen”= meilleur, et nous offrir, vous l’aurez compris, le changement pour le meilleur. Mais il englobe également un principe fondamental qui s’oppose au changement radical, ici, il s’agit de s’améliorer petit à petit, ainsi, aucun grand moyen (motivation démesurée, ou moyen financier élevé par exemple), n’est nécessaire pour atteindre l’objectif. Voilà le message principal que voulait faire passer Inoxtag, jusqu’ici tout va bien, “petit à petit l’oiseaux fait son nid”, est un adage bien connu des français aussi. Oui mais là, l’objectif choisi fait débat. D’abord, parce que c’est une expérience couteuse, comptez à peu près 50 000€ par personne pour une ascension, pas vraiment accessible à tous. Pour subvenir au besoin du film, Inès a eu recours à plusieurs sponsors, pour ne citer que Nike, qui n’est pas un exemple en termes d’écologie et d’éthique. Puis on le sait maintenant, l’Everest est fortement pollué à cause du surtourisme, des tentes et autres détritus sont abandonnés dans la montagne, tout cela pour créer une file d’attente de centaine de personnes au sommet, mettant tout le monde en danger. Un rêve donc, sur le papier pas idéal, amorti par des moyens peu vertueux. De plus, la conclusion poussée par le youtubeur est jugée un peu mièvre : “Sortez de chez vous pour découvrir le monde”, est-ce que tous les moyens employés étaient nécessaire pour aboutir à cela ?
Le documentaire est pourtant réalisé avec transparence. Nous voyons la pollution sur place mentionnée à plusieurs reprises, l’absurdité du sur-tourisme qui pousse même certains à voler des bouteilles d’oxygènes, mettant sans scrupule un autre groupe en danger, et puis ces files interminables créant l’angoisse de toute l’équipe, se rendant bien compte que l’homme ici devient un loup pour l’homme. Une réalité qui est illustrée dramatiquement à deux reprises, d’abord par la découverte d’un corps laissé au sommet de la montagne enneigée depuis cinq ans, puis par un évènement occurrent quelques instants après l’arrivée au sommet d’Inoxtag et de son équipe, l’effondrement d’un bloc de neige provoquant la chute de marcheurs, dont deux perdront la vie. Ce n’est donc pas une image merveilleuse de l’ascension de l’Everest qui prévaut, à titre personnel nous en avons été plutôt dégoutés, une bonne chose donc ? Si cet effet est le même sur tous.
Quoi qu’il en soit, que cela nous plaise ou nous, ce n’est pas le sujet central du jeune homme, qui ne montre d’ailleurs pas seulement l’Everest dans son documentaire, mais bien le parcours d’un adolescent qui s’était enfermé depuis longtemps devant les écrans, qui devant nos yeux découvre un monde extérieur tout aussi épanouissant, et s’en émerveille. N’est-ce pas le premier pas vers l’écologie ? Se rendre compte du monde qui nous entoure, de sa beauté et de sa nécessité pour que nos vies soient heureuses ? Inès, à seulement 22 ans, décide de s’extirper du monde confortable (et surement tout aussi polluant) dans lequel il s’était installé, pour se débarrasser le temps qu’il faut de son téléphone et (re)découvrir la nature, s’ouvrir aux autres, et au monde. N’est-ce pas là aussi une première posture à avoir pour retrouver sa force d’impact sur son environnement ? Le jeune garçon semble être conscient de la chance qui lui a été donnée, de la famille et de la vie qu’il l’a poussé à pouvoir vivre ainsi, comme il semble conscient que d’autres n’ont pas la même veine (référence à une interview donnée pour France inter par Léa Salamé). Ainsi Kaizen semble éveiller un espoir à l’intention d’une génération désespérée, laissée passive face à un monde qui semble leur échapper, qu’on leur interdit de changer. L’occasion de revenir sur un dernier reproche qui est fait au film, qui en promouvant le dépassement de soi, serait autocentré. Il convient à tous d’en tirer ce qu’il en veut, mais qui sait ce que Kaizen inspirera ? La preuve par l’exemple est pourtant aussi un adage reconnu. Et ici il n’est pas crié “Montez l’Everest comme moi”, mais plutôt, “Faites ce que vous pouvez, pas à pas, qui sait ce dont vous, et nous sommes capable”. Pas à pas, ensemble si nous sortons, nous émerveillons, nous rassemblons pour vivre et expérimenter le monde, pas à pas nous passerons à l’action, ensemble nous nous élèverons pour ne pas faillir à notre devoir d’animal conscient ; voici peut-être le message que nous pouvons tirer de Kaizen.
En attendant les dialogues découlant de la volonté d’Inès ont de quoi nous faire réfléchir. Il ne semble pas y avoir de réponse plus juste que l’autre, la vision de Kaizen n’est pas parfaite, mais elle ouvre quelque chose, que ce soit un débat, un espoir, une motivation chez l’un, ou une exaspération chez l’autre, qui sait ce qu’elle provoquera chez vous ? Nous vous conseillons tout du moins pour comprendre ce qui anime en ce moment les réseaux, de découvrir dans son entièreté (avant de pouvoir en parler à votre tour) le documentaire “Kaizen, un an pour gravir l’Everest”, disponible en plusieurs langues sur Youtube, sur la chaine d’Inoxtag.
KAIZEN. 1 AN POUR GRAVIR L’EVEREST
Inoxtag et son ascension de L’Everest. Interview France Inter.
Mots: Alizée Bauer & Photos : Portrait ©Joel Saget / AFP . ©Mathis Dumas
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