Le garçon et le héron de Hayao Miyazaki, une fable éco-poétique
Le 1er novembre a fait vibrer tous les cinémas d’Europe et de Navarre, non pas à cause des punaises de sièges, mais dû au dernier film d’animation, du grand Maître, Hayao Miyazaki Notre photographe, Alizée Bauer, fan devant l’éternel, nous livre son analyse.
«Faire comprendre à son petit-fils, que son grand-père part bientôt pour un autre monde, mais laisse ce film derrière lui car il l'aime.»
Un batiment puis un toit entièrement végétalisé, ce sont les premières images que nous montre le documentaire Le royaume des rêves et de la folie. Ce royaume ? Celui d’un réalisateur japonais nommé Hayao Miyazaki. Sous cette tour vient de s’achever son dernier film, Le Garçon et le Héron.
Celui-ci, notament inspiré de la lecture du livre Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburo Yosihino, évoque le deuil, et l’acceptation de la dualité d’un monde cruel, traversé par un jeune garçon, Mahito, venant de perdre sa mère. Si ce sont là les thèmes principaux que laisse Miyazaki pour son petit-fils – selon une interview de son producteur Toshio Suzuki : “pour lui faire comprendre que son grand-père part bientôt pour un autre monde, mais laisse ce film derrière lui car il l’aime.”, la nature et ses animaux sont autant que les humains les personnages principaux. Le jardin qui entoure la maison où Mahito vivra, ainsi que les mondes fantastiques qu’il visitera, seront tapissé d’une nature enveloppante, géante, à l’image des états d’âme du petit garçon. Présence évidente, elle est aussi ses aventures, à la fois guide et obstacle, des personnages d’oiseaux anthropomorphe en incarneront les rôles. Depuis sa première réalisation individuelle, la série Conan, le fils du futur, puis son long métrage Nausicaa de la vallée du vent, Miyazaki nous a habitué à cette présence, appuyant souvent la relation de l’homme à cette nature et à la technologie, devant la résistance des personnages, cherchant à garder un cœur pur dans des environnements violents, atrophiant le monde qui les a fait naitre. En dehors des heures de travail du réalisateur, scrupuleusement agencé de 11h du matin jusqu’au soir à 21h, Hayao Miyazaki reste comme ses personnages, présent à son monde. Le matin, il l’observe sa ville évoluer avec le temps, il se balade, prête attention à toutes sortes de détails, saluent les enfants de la crèche du coin, prend son café et sort les poubelles, à l’affut de toutes les petites variations du quotidien. Le dimanche matin, il nettoie une rivière locale. Chaque soir, il convoque son équipe sur le toit du studio, afin d’observer le coucher du soleil. C’est ainsi que s’organisé la vie du réalisateur âgé maintenant de 82 ans. “Les films sont des êtres vivants” dit-il, il se meuvent, et évoluent de nos mains, peut-être est-ce ainsi que nous devrions concevoir tout ce que nous observons, faisons et créons pour nous réconcilier et respecter ce monde qui nous a été offert, ce monde dont nous devons aujourd’hui être les gardiens, à l’image des sylvains …
Le Garçon et le Héron. En salles le 1er novembre 2023. Studio Ghibli
Mots: Alizée Bauer.
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